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Micro-fulfillment center : nouveau maillon stratégique pour la supply chain ?

Publié le 5 novembre 2021

2. Un équilibre à trouver dans le maillage

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 Si le micro-fulfillment center apparaît donc comme un équipement stratégique, certaines problématiques peuvent encore faire barrière à son développement : en tête, la nécessité d’un investissement important, principalement pour les solutions automatisées complètes, alors que la viabilité économique peut sembler plus fragile, de par les chiffres d’affaires et volumes moins élevés de ces sites. Le positionnement de ces centres est également une problématique cruciale pour les distributeurs, qui doivent raisonner en termes de maillage sur le territoire, selon les besoins qui y sont identifiés : « Plutôt que d’avoir un drive et un petit entrepôt manuel à proximité de chaque magasin, on peut massifier les volumes sur un seul site automatisé. On peut imaginer développer des micro-fulfillment centers qui traitent les commandes e-commerce de 5 à 15 magasins en termes de click-and-collect par exemple. Lorsque le site arrive à saturation, on va en implanter un autre, dans une zone différente du bassin de consommation, et ainsi déployer un réseau de plus en plus dense et proche du consommateur au fur et à mesure que le nombre de commandes augmente », note Stéphane Conjard. Ce qui nécessite une redéfinition de la gestion des stocks entre les noeuds du réseau de distribution, avec un pilotage informatique global afin de gérer l’ensemble des stocks et commandes : « Si le maillage le permet, il est possible de créer un réseau interconnecté, où chaque centre peut servir de point de stockage, de préparation et de livraison pour une commande particulière. Chaque enseigne développe sa stratégie, mais le principe est de regrouper un volume suffisant de commandes à préparer pour pouvoir basculer sur des équipements automatisés plus productifs », confirme Stéphane Conjard.

 

Reste à identifier des espaces sur le territoire, avec des problématiques de dimensionnement : « Il est crucial de réaliser une analyse globale de sa supply chain pour mettre en place le bon réseau, avec une taille adéquate pour chaque microfulfillment center. Dans l’alimentaire par exemple, la question de la péremption entraine un besoin minimal de massification afin d’éviter la casse », explique Romain Moulin. Exotec a ainsi pu collaborer récemment avec Carrefour sur ce sujet : « L’enseigne dispose de grands systèmes à côté de Paris car le bassin de consommation est suffisant pour traiter plusieurs milliers de commandes par jour, mais aussi des petits systèmes aux flux plus réduits, proches des grandes villes de province. Il est nécessaire de décliner les formats et d’avoir la capacité d’équilibrer ses capacités entre les systèmes pour suivre finement les besoins », note Romain Moulin. Dematic travaille également sur des installations similaires en Île-de-France : « Un leader de la grande distribution s’équipe de ce que l’on pourrait appeler des average-fulfillement centers. C’est le cas dans le nord de Paris, avec un équipement occupant une surface de 4 000 m² et 14 000 références qui sert des drives et la livraison à domicile sur le nord et l’ouest francilien. Si la taille change, on y retrouve les fondamentaux du micro-fulfillment center, avec une recherche de la meilleure productivité au mètre carré », raconte Yann Raguenes.

 

D’où cette question, qui revient souvent chez les acteurs du secteur quand on évoque ces projets : y’a-t-il réellement une séparation à faire entre les microfulfillment centers et les sites logistiques classiques ? « En termes techniques, je n’en suis pas certain », estime Olivier Rochet, « nous sommes plutôt face à une évolution des flux portée vers l’e-commerce, avec une réinvention du concept de l’entrepôt pour aller stocker dans des modèles différents. Demain, toutes les surfaces non utilisées auront vocation à se transformer en espaces logistiques ». Un avis partagé par Patrick Teissier, chief sales officer de TGW Europe du Sud : « Il y a une vingtaine d’années, on faisait finalement du micro-fulfillment sans le savoir, avec de petites installations qui traitaient 1 000 lignes à l’heure. Le développement de ce concept aujourd’hui est une simple segmentation du marché ». Ce qui n’empêche pas le monde de la logistique de s’intéresser à ce type de bâtiments. Dans une étude parue début 2021, le cabinet américain Interact Analysis estimait que plus de 2 100 micro-fulfillment centers devraient voir le jour à travers le monde d’ici 2025 (dont 69 % sur la période 2024-2025), faisant gonfler ce segment de 136 millions à 5,5 milliards de dollars en l’espace de cinq ans.

 

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