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Entrepôts

Automatisation des entrepôts logistiques : une France en retard ?

Publié le 15 décembre 2015

2. Systèmes d'automatisation : Des secteurs demandeurs hétéroclites

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La course à l’automatisation est belle et bien lancée dans tous les domaines. Pour autant, il ne peut y avoir de réponse automatisée à tout. Le déploiement des systèmes demande des investissements, des changements d’organisation et de ressources humaines qui ne bénéficient pas à tout le monde.

« Les logisticiens français acceptent que le projet qu’ils démarrent ne soit pas forcément celui qu’ils ont conçu », expose Jean-David Attal, directeur général du fournisseur de systèmes automatisés viastore Systems. « Ils se posent des tas de questions, imaginent des scénarios alternatifs et réfléchissent à ce qu’ils veulent mettre en avant et ce qu’ils souhaitent privilégier dans leur mode d’investissement », poursuit-il. La multiplicité des solutions mises à disposition sur le marché, ainsi que les facteurs prévisionnels difficiles à calculer tant les machines et les organisations à mettre en place peuvent différer de celles déjà présentes, amènent les entreprises à s’orienter vers des systèmes ultra-spécifiques.  

 

Que ce soit sur les aspects de logistique interne, mais également sur l’apport de services en bord de ligne, les entreprises optent de plus en plus pour des solutions métiers. « Au moment où les sociétés réfléchissent à des concepts d’automatisation, elles s’intéressent d’une part à ce que sont les standards métiers, mais d’autre part elles conservent aussi leurs particularités, leurs process, leurs souhaits, leur identité et conçoivent leurs propres outils », note Jean-David Attal, qui illustre cette tendance avec des exemples : « Les grossistes pharmaceutiques, les distributeurs de fournitures de bureau, les entreprises du textile sont allés chacun vers des solutions automatisées métiers. Dans des métiers traditionnels où elle existait déjà (dans la parfumerie, la cosmétique, la pharmacie…), l’automatisation continue et ne s’arrête pas. Nous assistons aussi à une forte tendance à l’automatisation dans les métiers où le produit est lourd et encombrant comme dans le mobilier, l’équipement de la maison ou la meunerie. Nous avons à la fois un ensemble de secteurs traditionnels de l’automatisation qui continue à investir et d’autres secteurs, qui ne le faisaient pas, sont précurseurs et ouvrent la voie. » Des investissements par secteur qui prennent en compte la variabilité de l’offre et la demande ainsi que l’évolution exponentielle de la précision informatique.  

 

Dans un contexte d’amélioration technologique permanente, il devient en effet nécessaire, dès la conception d’un projet, d’en faire une projection, d’écrire un cahier des charges qui permettra à l’installation d’être conçue d’une manière modulable afin de limiter les coûts en cas de changement ou d’extension de systèmes.

 

Le Français, médiocre financier ?

Pour mener à bien son projet, l’entrepreneur a besoin de soutiens financiers. Selon François Mondou, directeur général de la société d’ingénierie SDZ France et directeur du génie industriel du département ingénierie des infrastructures logistiques à l’École nationale des ponts et chaussées, le Français manque souvent de connaissances financières pour convaincre les banquiers. « Avant d’aller mettre des centaines de milliers d’euros sur la table, encore faudrait-il avoir des notions pour savoir ce qu’est un investissement, comment il se rembourse et comment calculer un prix de revient de fabrication avec un prix de vente », annonce-t-il, avant de développer : « Le Français n’est pas audacieux parce qu’il n’est pas sûr de ses bases, il n’est pas suffisamment conscient ou bien conseillé. Aujourd’hui qui est-ce qui accompagne un jeune entrepreneur ? C’est la Chambre de Commerce. C’est mieux que rien mais est-ce bien raisonnable pour se lancer dans une aventure ? Comment convaincre les banquiers ? Comment bien présenter son business plan ? Là il y a une vraie déficience. » Un constat que François Mondou ne généralise pas à tous les entrepreneurs, précisant que cette lacune s’explique essentiellement par un manque de culture industrielle et économique. 

 

Cet avis est partagé par nombre d’analystes et de professeurs éminents. Selon l’économiste américain Edmund Phelps – prix Nobel en sciences économiques en 2006 –, le déficit culturel de la France en économie a un impact direct sur son taux de croissance. Edmund Phelps pense également que les banquiers sont trop distants des entrepreneurs. Il prend l’exemple de l’économie américaine et explique qu’il souhaiterait revenir à un morcellement des banques, plutôt que de les voir se regrouper en immenses groupes, afin qu’elles soient plus au fait de l’implantation et de l’évolution des entreprises locales.

 

Ainsi, l’entrepreneur français, en plus d’une faible éducation économique, peut également être mal conseillé. Un manque à gagner certain pour le secteur logistique en France. Jean-Marc Heilig, responsable commercial France de la société bavaroise Witron, conceptrice et fabricante de systèmes clés en main de préparations automatisées de commandes et de logiciels de gestion d’entrepôt, pense que « le Français se laisse parfois embarquer dans des solutions plus “en vogue” que pertinemment économiques, alors que l’Anglo-Saxon, l’Allemand et le Scandinave vont examiner plus consciencieusement la qualité de la technique, l’évolutivité et la durabilité d’un système. » Witron valide tout dossier sur la base d’investissements mesurés, bien calculés, avec un excellent retour sur investissement assuré. « Nous vendons uniquement ce dont nous sommes persuadés que ça apportera un avantage économique et concurrentiel à nos clients », précise-t-il. Un avantage stratégique qui se couple avec une assurance de très haute qualité des systèmes développés et fabriqués sur mesure pour répondre aux besoins actuels et futurs des utilisateurs. 

 

Une logistique mondialisée

« La France serait-elle en retard en matière d’innovation dans le secteur logistique ? » Telle est la question posée à Bertrand Faure, directeur commercial France de Fives Intralogistics, qui apporte une vision d’ensemble sur le marché : « Je pense que l’Hexagone est au même niveau que le reste du monde tout simplement parce que les acteurs qui réalisent des systèmes logistiques comme les nôtres sont souvent des acteurs mondiaux. La France a à sa disposition les mêmes développements que ceux qui sont fait aux États-Unis, en Allemagne et en Asie. Chez Fives, nous avons quatre filiales actives en logistique : au Japon, aux États-Unis, en Italie et en France. Celles-ci disposent des mêmes portefeuilles d’innovation qui proviennent des quatre sites. Le contexte social français a longtemps retardé l’utilisation de l’innovation. Nous avons toujours été un peu frileux face à l’automatisation, en particulier en logistique. Ce n’est pas parce que l’innovation n’était pas présente ou pas disponible en France, c’est simplement parce qu’il y a un élan un peu moins naturel en France à l’automatisation des entrepôts logistiques. Je pense que nous avons le même degré d’innovation, et aujourd’hui les solutions disponibles sur le marché français sont au même niveau que celles disponibles ailleurs dans le monde. »

Focus

L'Observatoire Fives des Usines du Futur

Dans le cadre de l’Observatoire Fives de l’Usine du Futur, le groupe Fives invite chaque année des citoyens et des personnalités à se réunir pour débattre et échanger autour de l’usine et l’industrie de demain.

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Le « Cahier de l’Observatoire », à parution annuelle, relate, synthétise et illustre le think thank de l’année précédente. Pour sa troisième édition, le Cahier de l’Observatoire Fives des Usines du Futur reprend le sujet de 2014 : la collaboration entre les humains et les robots dans les usines, avec des réflexions historiques, philosophiques et économiques. Ce cahier, intitulé « Homme + robot, une équipe gagnante pour l’usine du futur ? », ainsi que les autres cahiers de l’Observatoire sont disponibles en téléchargement gratuit sur le site lesusinesdufutur.com.

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