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La RSE au cœur de la stratégie e-commerce

Publié le 20 janvier 2022

Durant la crise sanitaire, l’e-commerce aura démontré son caractère indispensable. Face à cette croissance, une réflexion sur la RSE et le développement responsable des activités logistiques du commerce en ligne a fait jour. Et pour formaliser les attentes sur le sujet, le Gouvernement a lancé une mission de concertation afin d’aboutir à une « Charte d’engagement pour la réduction de l’impact environnemental du commerce en ligne ». Né des échanges entre la Fevad (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) et de plusieurs e-commerçants, le document recouvre les thématiques de sensibilisation du consommateur, d’emballage, de livraisons vertes et de certification des entrepôts. Parmi ses 14 signataires, Cdiscount, Fnac Darty, Maisons du Monde et Rakuten témoignent de cette démarche, de leurs attentes et de leurs initiatives en matière de développement durable.

1. Une charte pour un e-commerce responsable

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Initiée en plein cœur de la troisième vague épidémique, la Charte pour la réduction de l’impact environnemental du commerce en ligne, se fixait pour mission d’acter, face à l’accroissement de ses volumes, la conduite à tenir pour le développement éco-responsable de ses activités logistiques. Sensibilisation du consommateur, attention portée à l’emballage, réduction de l’empreinte environnementale des livraisons et du bâti : une dizaine d’engagements constituent cet accord signé par 14 e-commerçants.

112,2 milliards d’euros : c’est le montant atteint par les ventes internet en France en 2020. Cette année, marquée par la pandémie, aura vu l’e-commerce croître de 8,5 % selon les chiffres de la dernière étude de la Fevad (Fédération e-commerce et vente à distance) publiée en février 2021. Une crise sanitaire qui aura conquis 1,5 million de cyberacheteurs supplémentaires conduisant aujourd’hui 41,6 millions de Français à commander sur Internet. Dans le même temps, en mars 2021, le gouvernement chargeait Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique, et Gilles de Margerie, commissaire général de France Stratégie, d’une mission de concertation pour la publication d’engagements volontaires par les acteurs de l’immobilier logistique, mais aussi par ceux du commerce en ligne. Un travail conduit à partir des échanges avec des e-commerçants ainsi qu’avec la Fevad, et sous l’égide de l’État, représenté par la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili ainsi que par le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, Cédric O, qui en assurera la promotion.

 

La naissance de la charte

« Nous avons rencontré le gouvernement assez rapidement lorsque cette mission a été confiée à France Logistique et France Stratégie et nous avons joué le rôle de facilitateur. Afin d’accompagner cette démarche, nous avons créé un groupe de travail avec des entreprises expertes représentatives du secteur en leur demandant de réfléchir à des propositions d’engagements pour essayer d’être au plus près du terrain et aussi force de proposition, explique Marc Lolivier, délégué général de la Fevad. Un travail intéressant puisque les entreprises ont des profils assez différents, mais avaient toutes une volonté d’avancer sur des propositions concrètes ». Le tout a abouti – une fois les propositions stabilisées et le feu vert du gouvernement acté – à une Charte pour la réduction de l’impact environnemental du commerce en ligne dotée de 10 engagements. « Des entreprises avec des stratégies RSE très avancées ont tenu à signer dès juillet en espérant que ce mouvement allait grandir et que d’une certaine façon, elles allaient montrer la voie », poursuit Marc Lolivier.

 

La Charte réunit les 14 signataires suivants : Cdiscount, eBay, Fnac Darty, La Redoute, lentillesmoinschères.com, Maisons du Monde, Millet Mountain Group (Lafuma), Otelo, Rakuten, groupe Rosa (Linvosges, Envie de fraises, Françoise Saget), Sarenza, Showroomprive.com, SOS Accessoire et Veepee. « Dans le cadre de notre travail avec la Fevad, dont nous sommes adhérents et avec laquelle nous sommes actifs sur certains sujets comme la RSE, nous avons été sollicités pour savoir si l’on voulait faire partie des premiers signataires, témoigne Rémi-Pierre Lapprend, directeur RSE de Maisons du Monde. C’était une évidence pour nous car la charte était en lien avec les engagements RSE que nous menons depuis plusieurs années et cohérente avec les engagements de notre Stratégie RSE 2025 ». Celui-ci y voit également « un signal positif montrant que les acteurs du commerce en ligne s’engagent pour traiter tous les sujets ». Ces derniers couvrent la sensibilisation du consommateur jusqu’aux émissions de transport en passant par les entrepôts.

 

Une charte qui rentre par ailleurs en résonance avec la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire de septembre 2021 qui insiste également sur une meilleure information du consommateur. Chez Fnac Darty, outre les différentes réunions opérationnelles menées avec la Fevad, il a fallu relayer en interne les dispositions prises auprès des membres du Comex, explique Géraldine Olivier, directrice de la RSE au sein du groupe : « Nous faisions des allers-retours avec l’ensemble des e-commerçants qui ont signé cette charte, la Fevad, et nos réunions en interne pour mettre en musique ces discussions : voir ce qui était acceptable et ce qui l’était moins. Côté Fnac Darty, il n’y a pas eu de points bloquants ».

 

Une accélération avec la pandémie

Si la RSE faisait déjà partie des préoccupations des acteurs du e-commerce avant la pandémie, « on pouvait se questionner sur la possibilité que cette crise n’aille reporter ou mettre de côté ces enjeux de développement durable, car d’autres défis devaient être relevés par les sites. Mais on s’est aperçu qu’au contraire, ils avaient plutôt été accélérés », observe Marc Lolivier. Une tendance dont témoigne une enquête LSA/Fevad menée en avril 2021, qui montrait que la RSE était considérée comme une priorité par 90 % des sites e-commerce et que plus de la moitié comptaient augmenter leurs investissements dans ce domaine en 2021. Matériaux constituant l’emballage, chasse au vide, décarbonation de la livraison, optimisation du nombre de colis lors des livraisons, informations précises données au consommateur : les thématiques abordées lors de la rédaction du document sont venues directement répondre à ces nouvelles priorités. « L’ensemble des sujets abordés dans les échanges se retrouvent dans la charte d’engagements : l’information du consommateur pour l’inviter à adopter les gestes de commande permettant de limiter les retours et de favoriser l’achat de produits au meilleur bilan environnemental ; les modalités de livraison les plus écologiques ; les bonnes pratiques de gestion des emballages ; les emballages utilisés par les e- commerçants ou leurs prestataires logistiques pour réduire les volumes (réduction de la quantité de matière et du vide dans le transport permettant un meilleur remplissage) et pour utiliser uniquement des matières recyclées, recyclables ou réutilisables ; l’utilisation de moyens logistiques (entrepôts, transports) les plus écologiques possibles », détaille Anne-Marie Idrac.

 

La charte compte ainsi 10 engagements répartis en quatre parties : information du consommateur consistant à « sensibiliser et informer le consomm’acteur » ; emballages pour « réduire les volumes d’emballages et favoriser le réemploi » ; entrepôts et livraisons afin de « s’appuyer sur une logistique respectueuse de l’environnement » ; et enfin le suivi pour « rendre compte de la mise en œuvre des engagements ».

 

Une charte évolutive

De quelle manière va vivre cette charte dans le temps alors qu’elle ne comporte pas de caractère réglementaire ? Bien que non-obligatoires, ces engagements feront l’objet d’un suivi, comme le stipule le dixième axe de travail de la charte, indiquant qu’il s’agit de « rendre compte chaque année, aux services de l’État compétents, des moyens mis en œuvre et des résultats obtenus au regard de chacun des engagements, et contribuer à leur valorisation ». Le gouvernement devrait par ailleurs assurer la publication de ces résultats, tandis que la promotion de la charte sera assurée par la ministre de la Transition écologique et le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques. Si aucune échéance spécifique n’est fixée, il est indiqué aux entreprises signataires qu’elles s’engagent au respect des termes avant le 31 décembre 2021.

 

Pour Rakuten, la vertu de cette charte et du travail de co-construction réalisé a été de proposer des solutions au plus près des réalités opérationnelles pouvant être mises en œuvre par chacun dans le cadre d’un effort collectif : « Permettre cet élan commun et lever les obstacles était aussi l’objectif. C’est un excellent travail de synthèse que chacun doit ensuite décliner au regard de ses problématiques propres afin de se conformer aux engagements pris. Ce travail d’adaptation prend du temps, mais nous nous sommes fixés des échéances réalistes », juge Benjamin Moutte-Caruel, directeur des affaires juridiques et réglementaires de Rakuten France. « Barbara Pompili et Cédric O qui ont porté cette charte ont annoncé la mise en place d’un comité de pilotage chargé de la faire vivre et évoluer avec d’autres engagements et signataires », précise Marc Lolivier, insistant sur la souplesse à apporter aux paramètres de suivi sans pour autant passer outre cette surveillance pour que ces engagements ne restent pas lettre morte. « Nous sommes en phase de rodage, avec l’idée qu’il y ait un rendez-vous régulier avec les signataires pour faire le point sur la situation et voir comment faire évoluer la charte aux côtés du ministère de la Transition écologique en meneur ».

 

La faire évoluer également du point de vue de ses signataires, étant donné que l’accord a déjà fait des émules. La Fevad a récolté plusieurs demandes de la part d’adhérents pour l’intégrer : « Plusieurs e-commerçants ont signalé leur intérêt pour rejoindre la charte, postérieurement à sa signature en juillet 2021. Les mois à venir pourraient ainsi voir le lancement d’une nouvelle vague de signataires ou d’éventuels compléments au document », détaille Marc Lolivier. Car cette dernière demeure « un espace de dialogue », en mesure d’évoluer : « L’idée était de créer un mouvement en sachant que les premiers signataires seraient amenés à être rejoints par d’autres, puisque cette charte illustre la volonté de la part des entreprises de s’engager collectivement », termine-t-il.

 

 

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