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Anne-Marie Idrac : « Aboutir à des engagements les plus ambitieux possibles »
La présidente de France Logistique détaille les étapes ayant mené à la rédaction de la Charte pour la réduction de l’impact environnemental du commerce en ligne, suite à la mission qui lui a été confiée ainsi qu’à Gilles de Margerie, commissaire général de France Stratégie.
La période de pandémie a entraîné une croissance du commerce en ligne. En quoi aura-t-elle également amené ses acteurs à se pencher plus en profondeur sur la question du développement éco-responsable de leurs activités logistiques ?
Anne-Marie Idrac : La croissance du commerce en ligne a suscité des interrogations de plusieurs acteurs sur les effets de ce développement répondant à une demande des consommateurs : concurrents du commerce traditionnel, collectivités locales et plus largement élus, associations environnementales… Ces questionnements se sont parfois manifestés par des oppositions à certains acteurs ou pratiques du commerce en ligne, allant jusqu’à des contestations locales sur des sites d’e-commerçants. Les acteurs du secteur ont alors identifié l’importance d’une meilleure transparence de leurs pratiques vis-à-vis du grand public. En particulier, ceux qui souhaitent valoriser et accélérer le développement éco-responsable de leurs activités, notamment logistiques, permettant de répondre aux attentes des Français.
Le gouvernement vous a confié ainsi qu’à Gilles de Margerie une mission de concertation pour la publication d’engagements volontaires des acteurs du e-commerce. De quelle manière avez-vous travaillé dessus ?
Anne-Marie Idrac : L’objectif était d’aboutir à des engagements les plus ambitieux possibles en matière environnementale, et couvrant la plus grande partie des activités des e-commerçants. Concrètement, la mission a réuni, avec l’appui de la Fevad, un groupe de travail d’une dizaine de e- commerçants, déjà impliqués sur les enjeux de développement durable pour identifier les sujets pouvant conduire à des engagements. Parmi ces thèmes, les engagements, bien qu’ambitieux, devaient être atteignables tant par de grands groupes que par des PME françaises. La charte traduit la réussite de la méthode négociée entre les acteurs publics et privés. Ces derniers sont déjà tous actifs dans la transition écologique de leurs activités. Ils sont donc volontaires pour valoriser ce qu’ils font déjà ou s’engager sur de nouveaux progrès.
Quelles ont été les principales contraintes soulevées par les signataires de la charte lors de ces échanges ?
Anne-Marie Idrac : Elles concernent d’abord les délais de mise en œuvre adaptés à chaque engagement : certains supposent des investissements conséquents, un changement dans le choix de prestataires, ou des développements informatiques longs. Ils visent également l’équité de traitement entre le commerce en ligne et le traditionnel : les e-commerçants ne souhaitent pas avoir des contraintes relatives au catalogue des produits, que ne devraient pas respecter les magasins. C’est la raison pour laquelle la majorité des engagements concerne des activités spécifiques au commerce en ligne. Ils traitent aussi de l’équité de traitement entre les acteurs basés en France (soit par leur nationalité, soit par la localisation de leurs entrepôts) et les acteurs agissant sans aucune implantation dans l’Hexagone : ajouter des engagements pesant sur les seules activités basées sur le territoire pourrait induire un avantage pour les acteurs étrangers, alors même que ceux-ci ne créent pas de valeur en France (ni emplois, ni fiscalité). Enfin ils concernent la nécessaire réponse aux demandes du consommateur : les e-commerçants ont souhaité éviter les engagements qui pourraient conduire leurs clients à se détourner des signataires, en leur retirant un argument commercial que continueraient d’utiliser les entreprises non-signataires.
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