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2. Un travail sur l'emballage et le réemploi engagé chez les e-commerçants
La partie emballage constitue justement le deuxième grand axe de cette charte, avec deux engagements répertoriés pour œuvrer à réduire leurs volumes et favoriser le réemploi. Le premier appelle à « conduire des actions de réduction du volume des emballages de livraison pour au moins 75 % des produits ou des colis d’ici au 31 décembre 2024, notamment en supprimant le suremballage lorsque l’emballage fournisseur le permet, en diminuant les vides par l’utilisation d’emballages fabriqués sur mesure ou adaptés à la taille du produit ou à travers l’expérimentation de solutions de réemploi des contenants et emballages, et rendre compte chaque année, à partir de cette date, de l’optimisation des emballages de livraison ainsi obtenue ». Le second engagement demande de « n’utiliser que des emballages de livraison en matières principales recyclées, recyclables ou réutilisables, privilégier les matériaux d’emballage au meilleur bilan environnemental, et rendre compte chaque année des matériaux utilisés pour les emballages : taux de matériaux recyclés, recyclables ou réutilisables ou issus d’approvisionnements certifiés ».
Des engagements de bon sens qui cachent néanmoins certaines subtilités. Sur le suremballage, s’il est parfois inadapté, voire inutile, il recouvre dans d’autres cas une fonction primaire de protection du produit qui ne peut lui être retirée : « Il faut essayer de réduire l’impact environnemental tout en gardant à l’esprit cet objectif. Le bilan de l’allégement de l’emballage ne sera pas bénéfique s’il fait l’objet d’un retour du produit car il n’a pas été assez protégé », rappelle Marc Lolivier. Maisons du Monde a travaillé sur le sujet : sur les emballages logistiques, c’est-à-dire ceux ajoutés au moment de la préparation de commandes dans ses entrepôts de Saint- Martin-de-Crau et Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône, l’enseigne mène des actions pour réduire leur quantité, optimiser les tailles de carton tout en éliminant tout ce qui n’est pas recyclable, notamment le papier bulle. Ce dernier est désormais remplacé par du plastique recyclé et recyclable avec, en ligne de mire, l’objectif au niveau du groupe d’atteindre, d’ici 2024, 100 % d’emballages recyclables. « Nous sommes parvenus à le faire sur nos emballages logistiques. La deuxième étape concerne ceux de nos fournisseurs, qui se trouvent majoritairement en Asie, donc là où nous maîtrisons moins le sourcing, détaille Rémi-Pierre Lapprend. Nous les accompagnons à définir des cahiers des charges emballage qui vont répondre à nos enjeux de qualité mais aussi de recyclabilité. Et dans l’ameublement, notre problématique principale concerne le polystyrène, qui est formidable pour la qualité mais qui n’est pas recyclé s’il n’y a pas assez de flux ». Maisons du Monde vise un remplacement par des cales carton ou d’autres matières plus recyclables.
Des matériaux durables et un emballage optimisé chez Cdiscount
La question du choix de matériaux durables fait également partie des quatre axes de la démarche initiée par Cdiscount. Démarche concernant tout autant petits que gros colis, commandes expédiées par l’e-commerçant ou par les vendeurs marketplace en fulfillment. Plus aucun calage plastique n’est désormais utilisé, au profit du kraft, tandis que les encres sont végétales. Niveau carton, ils sont écolabellisés (FSC ou PEFC) et l’usage de cartons recyclés était de plus de 90 % en 2020. « Nous nous assurons enfin du correct recyclage de nos cartons grâce à l’insertion des consignes de tri sur nos colis », indique Caroline Bordet Le Lann. Deuxième axe, celui de l’optimisation de la consommation de ressources : « Cdiscount a d’abord déployé des machines d’emballages 2D puis en 2016, nous avons investi dans des machines d’emballage 3D qui permettent d’adapter les dimensions de l’emballage à celles des produits. Nous sommes le seul e-commerçant européen à avoir six machines. Elles nous permettent d’atteindre un double objectif : la réduction de la consommation de carton et la diminution drastique du vide dans les colis (de plus de 30 %) », poursuit-elle.
Le suremballage constitue le troisième pilier de la démarche de l’e-commerçant, avec la volonté de le supprimer dès que possible. « Nous avons créé un programme “Sans suremballage” sur les produits de moins de 30 kg éligibles ne présentant pas de risque de casse ou de fraude. Lorsque nos clients sélectionnent l’un de ces produits, le non-suremballage est proposé par défaut mais le client peut le demander s’il le souhaite. Sur une année, nous économisons ainsi 500 000 emballages ». Plus prospectif, le quatrième axe entend travailler à développer « l’emballage de demain ». Après avoir testé en 2020 la solution réutilisable jusqu’à 100 fois de la startup Hipli, « Cdiscount propose depuis novembre à tous ses clients, pour les produits éligibles, la possibilité de se faire livrer leur commande dans cet emballage au cycle de vie plus long », indique la directrice adjointe RSE de Cdiscount.
Réduire le vide et tenter de nouveaux formats
Fnac Darty a également décidé de ne plus réaliser de suremballage sur ses produits dès lors qu’ils ne le nécessitent pas. L’enseigne s’est d’autre part dotée, sur certains de ses sites, de plusieurs machines pour réduire le vide dans ses cartons en emballant au plus près du produit : « Tandis que la machine réduit le vide, nous essayons également d’optimiser la découpe donc le consommable pour réduire l’usage de carton, détaille Pierre Soler. Sur le matériau, nous utilisons d’autre part depuis longtemps du carton recyclé ». Si la démarche de recyclage n’est pas neuve, la mise en place de la charte aura amené le groupe à réfléchir plus en profondeur sur l’aspect « réutilisable » de l’emballage. « A priori, un colis, même en plastique, est plus vertueux réutilisé plusieurs fois qu’un colis en carton recyclé. Nous sommes donc en train d’étudier comment l’intégrer dans nos processus en prenant en compte le taux de perte. Dans cette démarche, il faut que le client joue le jeu et rende le colis pour qu’il puisse être réutilisé ». Fnac Darty réalise actuellement des tests sur le sujet avec des start-ups pour l’adoption d’une pochette souple dédiée à l’envoi, en gardant bien à l’esprit que ce type de colis doit correspondre à ses process et ses produits : « Une pochette souple est moins adaptée à un livre qui risque de s’abîmer », illustre Pierre Soler. Bien intégrés par les e-commerçants, les enjeux de sensibilisation du consommateur ou d’emballages n’en demeurent pas moins complexes dans leur mise en œuvre, impliquant réflexions de fond, calculs et décisions éclairées.
Crédit photo : © Fnac-Darty