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Li Ding – Adobe stock.
eCommerce
Le maître-mot de la constitution de cette charte pour un e-commerce responsable concerne la réduction de l’empreinte environnementale de ses activités logistiques. Qu’il s’agisse du bâti, en dotant systématiquement chaque entrepôt neuf d’une certification, ou des livraisons en privilégiant les modes de transport décarbonés.
1. Une logistique e-commerce respectueuse de l'environnement
La logistique vient également trouver sa place dans les fondamentaux de la Charte pour la réduction de l’empreinte environnementale du commerce en ligne. Elle représente trois de ses engagements regroupés sous la thématique « Entrepôts et livraisons » avec pour objectif de « S’appuyer sur une logistique respectueuse de l’environnement ». Le septième engagement de l’accord traite ainsi plus spécifiquement du bâti et demande à « s’assurer que les activités d’entreposage réalisées dans des bâtiments neufs, en propre ou en prestation de services, aient une performance environnementale systématiquement attestée par une certification de type HQE, Breeam ou Leed ». Un enjeu qui ne concerne pas tous les e-commerçants, beaucoup externalisant leur logistique ou s’appuyant dans leurs activités actuelles sur des entrepôts déjà existants. Néanmoins Marc Lolivier rappelle l’enjeu collectif lié à la construction de ces plateformes respectueuses de l’environnement : « L’entrepôt étant souvent lié à des prestataires, il s’agit de partenariat. Cela a été pris en considération lors de la consignation de cet engagement, d’autant que nous avions une charte parallèle concernant l’immobilier logistique signée par Afilog que nous suivions de près. Il y avait donc une cohérence. Nous sommes convaincus que la meilleure manière d’avoir une logistique ambitieuse sur le plan environnemental est de la garder en France où nous avons des standards très élevés ».
L'immobilier logistique concerné
Cette directive sur les entrepôts faisait justement partie des critères de sélection adoptés par Cdiscount pour le choix de ses derniers sites logistiques. Fnac Darty de son côté n’est pas concerné, ses six entrepôts en France n’étant pas neufs. Cela n’empêche pour autant pas le groupe de réfléchir sur l’optimisation de l’existant : « 14 % de l’électricité du groupe est d’origine renouvelable grâce à la signature, l’année dernière, d’un accord sur ce sujet avec un producteur de parc éolien situé dans le sud de la France. C’est une première étape, et nous avons l’intention d’aller plus loin sur ce sujet de verdissement de notre électricité sur les entrepôts mais aussi magasins et sièges sociaux. Nous avons en outre, sur deux de nos entrepôts, changé nos éclairages avec la technologie Led », détaille Géraldine Olivier, directrice de la RSE du groupe.
Passage au Led également chez Maisons du Monde pour ses deux entrepôts de Saint-Martin-de-Crau et Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône où l’enseigne a travaillé sur la réduction des consommations d’énergie, mettant notamment fin à l’allumage permanent remplacé par un déclenchement lors du passage des opérateurs. « Tous nos bâtiments chez Maisons du Monde sont aussi alimentés en électricité renouvelable ce qui nous a permis de réduire notre consommation d’énergie et de décarboner l’électricité que nous continuons de consommer », détaille Rémi-Pierre Lapprend. Dans son nouvel entrepôt d’Heudebouville (27) de 69 000 m² – qui ouvrira en 2022 –, une centrale photovoltaïque permettra la production d’électricité renouvelable. « Sur ce nouveau bâtiment, nous pilotons l’empreinte environnementale de manière assez fine et nous visons la certification Breeam Excellent qui est aujourd’hui atteinte uniquement par 5 % des plateformes logistiques. Nous avons également beaucoup travaillé sur la densification de cet entrepôt avec une partie qui va être mécanisée permettant de stocker en grande hauteur et donc d’avoir une emprise beaucoup plus faible, sujet important en termes d’artificialisation et d’occupation des sols ». Un nouveau bâtiment qui aura pour vocation de compléter l’offre logistique de Maisons du Monde en livrant ses clients dans la moitié nord de la France et dans les pays d’Europe du Nord, alors que les produits partent aujourd’hui du sud de la France. « Nous allons réduire les distances et les émissions de CO2 », résume Rémi-Pierre Lapprend.
Transport et livraisons décarbonés
Considérée au sens large, la partie dédiée à la logistique dans la charte comporte également deux engagements s’attachant à réduire l’impact carbone du transport et des livraisons. L’un entend « favoriser le développement des modes de livraisons décarbonés : en rendant publique, à partir de 2023, la proportion de véhicules à faibles émissions (…) parmi les véhicules de moins de 3,5 tonnes (…), y compris les véhicules de cyclologistique ; ou en s’engageant dans la démarche Fret 21 du programme EVE de l’Ademe, ayant pour objectif d’inciter les entreprises agissant en qualité de donneurs d’ordres des transporteurs à mieux intégrer l’impact des transports dans leur stratégie de développement durable ». Il s’agit enfin de « regrouper systématiquement l’expédition des produits commandés en même temps par un même consommateur dès lors que l’arrivage et l’entreposage de la marchandise rendent l’opération possible, sauf demande expresse du consommateur ».
Engagé pour réduire ses émissions de CO2 de 25 % d’ici 2025, Maisons du Monde travaille sur l’ensemble des activités émettrices d’empreinte carbone, celles gérées en propre mais aussi toutes les étapes liées au produit : extraction de matière, fabrication, production. « Dans notre modèle, environ 50 % des émissions de CO2 sont liées au produit et 10 % au transport alors que nous travaillons majoritairement avec des fournisseurs en Asie. Mais tous nos produits sont acheminés en bateau ce qui est plus efficient en termes d’émission CO2 », détaille Rémi-Pierre Lapprend. Le travail s’effectue ensuite sur l’optimisation des chargements au niveau du transport aval : « Nos produits étaient mis sur palette, nous sommes en train de réaliser des tests pour du chargement en vrac sur certains flux afin de mieux remplir nos camions et diminuer significativement leur nombre ». L’enseigne mise également sur le ferroviaire : « Nous livrons depuis cinq ans tous nos magasins et nos clients de la région parisienne en train depuis le sud de la France et, depuis l’année dernière, nous montons en charge dans le nord de la France, en Belgique et au Luxembourg en partant d’Avignon jusqu’à Lille. Nous cherchons, d’autre part, de nouvelles routes pour aller en Italie ou en Espagne, mais nous sommes un peu dépendants des infrastructures et des transporteurs ». L’amélioration de l’empreinte environnementale de l’enseigne passe également par l’optimisation des distances parcourues : « Nous intégrons dorénavant dans toutes nos négociations de contrats avec nos transporteurs, sur toute l’Europe, l’optimisation de la localisation de leur hub pour réduire la distance entre l’entrepôt et le client final », détaille le directeur RSE de Maisons du Monde.
Une livraison décarbonée sur laquelle travaille également Cdiscount avec ses transporteurs ou sa filiale C Chez Vous depuis plusieurs années, mû par sa démarche d’amélioration continue également visible dans son inscription à l’initiative Fret 21. L’objectif du e-commerçant dans ce cadre est de réduire encore de 7 % ses émissions d’ici 2023. Côté livraison, la démarche de Cdiscount l’amène à cibler la réduction massive des émissions de GES : « En complément de nos actions pour réduire le vide dans les colis, nous optimisons le chargement de nos camions grâce au chargement en vrac plutôt que sur palette. Cette méthode permet d’optimiser de 30 % le remplissage des camions sur les flux concernés. Et la combinaison de ces deux actions permet de diminuer de 30 % le nombre de camions sur les routes en moyenne », témoigne Caroline Bordet Le Lann. Et pour compléter son arsenal de modes de livraison plus vertueux, l’e-commerçant mise sur le ferroviaire : « Nous avons ainsi été les premiers à utiliser les lignes à grande vitesse pour livrer en express nos clients dans huit villes de France. Nous développons progressivement des flux alternatifs, de nos entrepôts jusqu’à nos clients en collaboration avec les transporteurs. Pour les gros produits (+ 30 kg), notre filiale transport C Chez Vous utilise une flotte de camions 100 % électrique pour livrer à Bordeaux Cestas et à Paris et teste le vélo cargo à Lyon. Et nous continuons dans cette dynamique en développant la part de flux transportés en GNV ». Cdiscount s’appuie enfin sur un vaste réseau de points retraits (24 000 pour les petits produits et plus de 600 pour les gros produits) afin de réduire les distances parcourues par ses colis. « Par exemple, en zone rurale, nous proposons, avec Agrikolis, 180 points retraits au sein de fermes agricoles ».