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Transversal
Comme sur l’ensemble du territoire hexagonal, les enjeux liés à la nécessité de réduire les émissions de GES dans les agglomérations conduisent à la mise en place de programmes dédiés, à l’image d’InTerLUD qui vise le déploiement d’actions volontaires sur le transport de marchandises pour une logistique urbaine durable.
L’attention portée à la décarbonation et à la réduction de l’empreinte environnementale trouve toute sa mesure au cœur des villes. Et la région Bretagne n’échappe pas à l’enjeu crucial de la logistique urbaine, associé à son cortège de contraintes. Sur ce sujet intervient le programme InTerLUD dont l’objectif est de permettre aux collectivités territoriales et aux acteurs économiques de déployer des actions volontaires sur le transport de marchandises en ville, à travers la mise en œuvre de chartes de logistique urbaine durable dans toute la France. Une charte d’ores et déjà actée à Rennes et co-construite dès 2018 avec le cluster Bretagne Supply Chain : « Nous allons réaliser ce travail avec d’autres EPCI [Établissement public coopératif intercommunal] en Bretagne, l’objectif étant d’accompagner le monde politique sur des réglementations construites collectivement pour ne pas casser les dynamiques attractives de ces territoires et de leurs centres-villes. Si chacun prend conscience des impératifs des autres, on peut trouver des terrains d’entente pour mettre en place des solutions et renforcer cette dynamique de logistique vertueuse », détaille Raphaël Lhernault, chargé de mission en logistique urbaine durable pour le programme InTerLUD chez Logistic Low Carbon.
Des programmes en construction
D’autres villes bretonnes planchent également sur le programme. L’agglomération de Lorient par exemple, a recruté un chargé spécifique à la logistique urbaine dans le cadre de l’élaboration de sa charte : « Elle se dote de compétences au sein de l'agglomération, ce qui est formidable pour consolider le lien avec les acteurs économiques du territoire », note Raphaël Lhernault. Il s’agit d’abord de mener des entretiens par secteur (grossistes, transporteurs, gestionnaires de déchets…), « avec pour objectif de faire ressortir les problématiques rencontrées au quotidien. De là, nous pouvons commencer à mettre en place des groupes de travail qui auront pour but de construire la charte avec un plan d’action adapté et territorialisé ». Si certains questionnements se rejoignent sur tout le territoire (la lisibilité de la réglementation sur la ville, l’implantation des emplacements de livraison, l’accès aux différents types de véhicules, comment se faire accompagner, la possibilité d’aides), certaines problématiques sont propres à chaque communauté urbaine. Exemple avec Brest Métropole où « il est possible que le dynamisme de son port se présente comme une thématique intégrée dans leur concertation ».
Le verdissement de la flotte rentre également parmi les domaines étudiés. Des programmes se montent vers Saint-Brieuc et Lamballe sur la question de l’hydrogène via des sociétés privées qui vont développer leurs stations de recharge. « Cela peut motiver les professionnels à entamer le verdissement de leur flotte en passant à l’hydrogène car ils pourront se recharger dans la région. Cependant, cela ne sera peut-être pas adapté pour de trop longs trajets », observe Raphaël Lhernault. Quimper a également intégré il y a peu le programme InTerLUD : « Ce n’est pas une grande agglomération mais elle aimerait redynamiser son coeur de ville et travailler sur une meilleure optimisation des flux de marchandises pour moins de congestion ».
Réglementations et optimisations
Sur le territoire, la conscience de plus en plus aigüe des enjeux environnementaux se fait en parallèle de la mise en place annoncée des ZFE pour toutes les agglomérations métropolitaines françaises de plus de 150 000 habitants d’ici au 31 décembre 2024. Sur ce sujet, les Bretons ne sont « pas trop inquiets » car la Bretagne ne compte qu’une seule ville concernée, Rennes. « La métropole est en cours de discussion pour la mise en place de sa zone ZFE avec l’instauration des vignettes Crit’air et l’interdiction de circulation des véhicules les plus polluants… Cela peut poser des difficultés dans notre secteur et notamment pour les TPE-PME ayant des capacités moindres en termes d’investissements que de grands groupes, qui sont déjà dans cette phase de transition énergétique et de renouvellement de leur parc, souligne Philippe Munier, délégué régional Union TLF Île-de-France, Centre et Ouest. Heureusement en Bretagne, il n’est pas envisagé un calendrier ZFE intenable comme pour la Métropole du Grand Paris. Nous alertons régulièrement les pouvoirs publics et nous sommes entendus puisque cette interdiction de circulation de véhicules diesel ne se fera pas avant 2030. Cela fait partie des gros chantiers de ces prochaines années », termine-t-il.
Et derrière la réglementation, les professionnels de la région n’ont pas attendu que cette dernière évolue pour optimiser leurs livraisons, rappelle Raphaël Lhernault : « Ils avaient déjà commencé à y réfléchir et à s’emparer du sujet car c’est intéressant économiquement : mutualisation, massification, optimisation des tournées etc. De nombreuses entreprises sont labellisées Eco CO2 ou Certibruit par exemple. Nous venons mettre la lumière sur eux pour attirer ceux qui ne se seraient pas encore posé la question sous cet angle ». Les concertations réalisées dans le cadre du programme InTerLUD permettent à cet égard d’inclure entreprises privées et pouvoirs publics pour savoir ce qui est réalisable. « Les professionnels qui agissent sur les territoires concernés ne doivent donc pas hésiter à prendre contact avec les villes ou avec Logistic Low Carbon pour participer à cette dynamique », termine Raphaël Lhernault.
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