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Entrepôts
Quelle place donner aux chariots reconditionnés dans sa supply chain ?
Complétant les flottes aux côtés de véhicules neufs, les chariots reconditionnés viennent répondre à des besoins précis au sein des supply chains, pour des flux demandant souvent moins d’engagement
Le dynamisme actuel du marché des chariots de manutention de seconde main est porté par une large diversité d’entreprises et de logisticiens. Évidemment, avec ses avantages financiers (des tarifs au moins 20 % inférieurs au neuf, voire plus selon les catégories), le chariot d’occasion est regardé de près par les PME et TPE, qui souhaitent s’équiper à moindre coût et pour lesquelles une offre neuve n’aurait pu être accessible. Mais pas seulement : « Nous sentons qu’il y a un changement de mentalité chez les grands comptes, qui nous demandent d’intégrer une part de chariots reconditionnés dans leurs appels d’offres », explique Cécile Pastor, responsable nationale occasion chez Jungheinrich France. Pour ces entreprises, « c’est un moyen d’apporter une certaine flexibilité à leur parc, avec des occasions plus facilement accessibles et intégrables au fil des variations de l’activité, dans un esprit de flexibilité », note Martine Piller, responsable occasion et démonstration chez Toyota Material Handling France. « Le chariot est un indispensable en entrepôt. Si une prestation peut être réalisée à moindre coût pour dégager des disponibilités financières, cela intéressera tout type d’entreprise », résume Jean-Jacques Boulet, responsable marketing d’Aprolis.
L’idée des parcs mixtes, mêlant des chariots neufs et reconditionnés, fait donc son chemin, avec des études préalables des flux pour savoir trouver le bon équilibre entre les deux catégories de véhicules. « Le marché de l’occasion n’est plus vraiment réservé à un seul type de client comme cela pouvait être le cas il y a 20 ans, il s’est ouvert à tout le monde. Il n’est plus rare de voir des appels d’offres de grands comptes où nous pouvons proposer des chariots reconditionnés ayant entre trois et sept ans. En favorisant ces véhicules, nous pouvons rationaliser les budgets en ne mettant du neuf que là où c’est nécessaire », note Bruno Blondeau, gestionnaire de territoire en France, Belgique et Luxembourg pour Yale. Des flottes mixtes qui ne sont pour autant pas encore devenues un indispensable du secteur : « Nous ne voyons pas de tendance se dessiner fortement pour ce type de flottes mixtes. Cependant, nous pensons que le marché pourra y venir, car les avantages économiques sont là », souligne Géraldine Jacques, category manager occasion chez Fenwick-Linde.
Viser des engagements moins élevés
Pour trouver une place à ces chariots de seconde main au coeur des supply chains, les équipes commerciales des constructeurs doivent mener un travail de réflexion avec les clients pour définir des usages pertinents. Tout dépend en effet de l’activité et des réalités de l’entrepôt, car les occasions, même reconditionnées, ne peuvent pas être utilisées comme de simples alternatives aux chariots neufs. S’ils affichent désormais des niveaux de finition et de service plus exigeants, ces véhicules restent destinés à des clients qui visent un engagement de leur matériel moins élevé, principalement au niveau de l’utilisation horaire. « En moyenne, un chariot élévateur est utilisé 600 heures par an. Mais au sein d’un parc complet, certains le seront peut-être moins de 50 heures, souvent parce qu’ils sont dédiés à des fonctions annexes : aller sortir une benne à déchet, ou manipuler des charges très lourdes seulement une fois par semaine. Tous les véhicules ne sont pas au contact d’une production intense. Nous avons des partenariats avec des très grands groupes en Europe, dont un acteur de l’automobile qui nous questionne sur les véhicules d’occasion, pour des locations de courte durée sur certains types de prestations annexes », illustre Bruno Blondeau.
Du côté de Still, on souligne que le neuf reste très fortement majoritaire dans le monde de la grande distribution et ses logisticiens : « Dans ces supply chains, l’occasion trouve plus difficilement sa place, car les entreprises ont besoin d’engins très fiables. Il n’y a que dans certains cas exceptionnels, qui peuvent être expliqués par des délais de livraison trop longs sur le marché du neuf, que des entreprises se reportent sur l’occasion. Sur certaines typologies de machines, et particulièrement dans le magasinage avec les transpalettes électriques, le neuf offre plus de sécurité dans la bonne conduite de l’activité. Mais pour des utilisations ponctuelles, un véhicule de seconde main peut être une bonne opportunité, pour des chariots frontaux ou certains gerbeurs de préparation de commandes par exemple », note Arnaud Desvignes, responsable département location courte durée et back office occasion chez Still.
De manière générale, au cœur de supply chains à flux tendu, les clients n’ont pas le droit à l’erreur : « Ce sont des process logistiques qui doivent minimiser autant que possible les risques d’arrêts : les pannes évidemment, mais aussi des opérations de maintenance. Or, ces dernières peuvent être plus courantes avec un véhicule d’occasion. Mieux vaut donc les laisser s’occuper des activités annexes, ou issues de la production : déplacement de palettes, de conteneurs à déchets… », note Jean-Jacques Boulet. Un avis partagé par Géraldine Jacques, category manager occasion chez Fenwick-Linde : « Les applications occasionnelles ou saisonnières en entrepôt, même avec un engagement fort, peuvent être pertinentes avec des véhicules d’occasion. Il faut bien aiguiller les clients en fonction de leurs besoins et applications, et de la façon dont ils utilisent leur flotte au quotidien ». Autant d’utilisations qui font que ces chariots s’achètent et se louent plus qu’auparavant : « Les banques se sont ouvertes sur le sujet, et nous multiplions les contrats de location sur plusieurs années qui incluent de l’occasion, pour des raisons de budget ou d’adaptation aux besoins », souligne Bruno Blondeau.
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