Échanges de données : le grand effort de la standardisation

Le modèle du réseau GDSN de GS1, référence dans l’échange d’informations des produits de consommation courante, peut se dupliquer à d’autres secteurs plus spécifiques. Les initiatives pour améliorer la qualité des informations par filières ne manquent pas. Dans l’aéronautique, Airbus, Dassault Aviation, EADS, Safran et Thales ont créé en 2009 la plateforme collaborative cloud BoostAeroSpace pour mutualiser et sécuriser leurs données techniques, favoriser la collaboration entre les constructeurs et leurs fournisseurs et disposer d’une vue d’ensemble des chaînes d’approvisionnement. Les membres de la plateforme utilisent les standards BoostAero pour leurs échanges. BoostAeroSpace leur permet entre autres d’optimiser les approvisionnements et les livraisons de pièces détachées, d’organiser des réunions virtuelles et de développer des projets multi-constructeurs.

Ce type de plateforme, couplé à des outils prévisionnels, optimise aussi les activités de maintenance, comme l’explique Xavier Burtin, associé du cabinet de conseil Althéa en charge de l’offre de conseil aux directions achats et supply chain : « Tous les processus de maintenance, comme traditionnellement le MCO (maintien en condition opérationnelle), sont aujourd’hui névralgiques. Pour ce secteur d’activité, ils nécessitent d’exploiter des données de manière considérable. Les fabricants d’avion monitorent en temps réel tous les paramètres clés des moteurs. Ils récupèrent toutes ces données en temps réel ou quasi réel et intègrent dans leurs systèmes des volumétries de données importantes de manière à pouvoir diagnostiquer des évolutions lentes des paramètres des moteurs et ainsi, initier ou non certaines activités de maintenance. À partir du moment où vous consolidez et ramenez toutes les données associées à cela, se posent des problématiques de type big data, c’est-à-dire comment est-ce que j’interprète certains signaux faibles parmi toutes les données pour faire un lien avec les activités de maintenance prévisionnelle ou curative que je vais déclencher. La fonction maintenance, en particulier sur le big data, est un client important. »

Tourner au même régime

L’industrie automobile connait également depuis longtemps de grands projets de normalisation des échanges de données, bien que l’aspect collaboratif soit moindre. Le Groupement pour l’amélioration des liaisons dans l’industrie automobile, plus connu sous son acronyme Galia, est né en 1984 suite à un désir partagé des acteurs de l’industrie automobile d’améliorer les échanges d’informations entre partenaires. À l’instar de GS1 mais dans son secteur propre, l’organisation a défini des standards pour les étiquettes et emballages des produits présents dans les chaînes de production automobiles avant de s’attaquer aux messages EDI. En collaboration avec Odette, l’Organisation de données échangées par télé-transmission en Europe, Galia a travaillé à normaliser les échanges de données entre partenaires de la filière.

Renault PSA Peugeot Citroën et plusieurs équipementiers ont ainsi adopté la norme internationale Edifact : Odette (souvent remplacée aujourd’hui par la norme JAIF Global pour les compagnies à implantation mondiale) pour leurs messages EDI. Galia a écrit des guides de recommandations et de documentations sur les différents types de standards de messages, qu’ils soient européens ou internationaux, pouvant impacter la chaîne logistique des acteurs de l’automobile. Elle conseille ses membres sur les meilleurs pratiques en matière d’échange de données et propose des formations, des évaluations et des audits logistiques.