Transport
3. « Nous lançons un appel à d’autres chargeurs »
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DR et MichelinTrois questions à Géraud Pellat de Villedon, secrétaire général de l’association des chargeurs pour un transport maritime décarboné et directeur RSE pour la supply chain de Michelin.
Concrètement, en quoi consiste votre projet ?
Nous sommes 21 chargeurs et créons deux lignes de transport transatlantique. La ligne Nord, d’Anvers à Charleston, est plus avancée que la ligne Sud de Gènes à Philadelphie et l’on parle de 15-18 jours de transport. L’investissement nécessaire pour la compagnie maritime Zéphyr & Borée est de dix navires – cinq par route – à raison de 70 millions d’euros par unité. Nous voulons donner un signal fort et avons créé un système où nous souhaitons nous engager sur dix ans. En contrepartie, nous fixons les prix sur le long terme, garantissons la transparence sur toutes les informations et bien sûr, l’économie de CO2. Si tout se passe bien, le premier containeur sera transporté en 2025 et la route sera opérationnelle en 2026.
Comment chaque chargeur gèrera-t-il son fret ?
Nous voulons garantir la confidentialité du projet pour chaque partenaire et donc chaque affréteur gère son volume d’espace à louer et le prix qu’il négocie. Même si nous avons globalement chacun le même prix. L’objectif de notre démarche est de sortir du marché de l’offre et de la demande car il n’est actuellement pas fiable. Nous lançons un appel à d’autres chargeurs pour atteindre le seuil de déclenchement de construction des navires, ce qui n’est pas si simple car les affréteurs ayant des volumes hebdomadaires importants entre l’Europe et les États-Unis ne sont pas si nombreux.
Quel volume transporterait Michelin chaque semaine ?
Cela représenterait une centaine de conteneurs standards de 20 pieds, soit quelque 30 % de nos flux transatlantiques sur ces lignes. Dans notre stratégie RSE, nous travaillons sur « transporter moins, mieux et différemment ». Nous allons essayer de passer à des transports bas carbone, du camion vers le train ou vers le bateau. Nous avons besoin de décarboner avec le maritime parce que nous aurons toujours ces flux transatlantiques. Nous avons pris une décision d’entreprise et adoptons une vision à long terme pour transformer notre industrie. Notre métier, complexe, de supply chain, consiste en un calcul industriel assez savant pour savoir où l’on produit et quand l’on produit. Car les modèles de véhicules peuvent être destinés à l’Europe et produits aux États-Unis.