Transport
5. Toutes voiles dehors
©
AirseasGonflées, souples, rigides ou en kite… Les voiles constituent un des chantiers majeurs de la décarbonation des navires. Passage en revue de projets innovants.
Wisamo de Michelin
Un mât télescopique sur le pont d’un navire, une soufflerie à l’intérieur qui gonfle une aile repliée dans la bôme pour la déployer en moins de cinq minutes ainsi que pour la replier. La voile au profil d’aile d’avion du projet Wisamo, porté par Michelin, est testée depuis 2021 et pourrait réduire la facture de fuel de 10 à 20 % par bateau, selon le groupe.
Seawing d'Airseas
Hormis ce projet très original, d’autres initiatives françaises sont sur le pont. L’aile développée par Airseas est un kite (cerf-volant) qui va chercher les vents à 300 mètres de haut, qui sont 50 % plus forts qu’au niveau de la mer. Vissé sur le pont du navire, le système est constitué d’une plateforme tournante sur laquelle sont fixés un treuil et un mât télescopique. Le mât est utilisé pour le décollage et le repliage de l’aile, qui est alors rentrée sous le pont. Après cinq ans de R&D et neuf brevets déposés, le système, dérivé de l’aéronautique, « permet d’aller chercher le vent en dynamique car il est piloté. Fabriqués en polyester, les kites sont capables de générer une puissance dix fois supérieure à une aile fixe et un faisceau de cordelettes relie les différents points de l’aile à un point central de traction avec le câble », souligne Vincent Bernatets, fondateur et directeur général d’Airseas. La superficie du kite pourrait varier de 250 m2 à 1 000 m2 et réduire de 20 % la consommation des bateaux. Visant les 15 000 navires de plus de 50 000 tonnes pour une installation en rétrofit (sur des vraquiers, des rouliers, des tankers et des porte-containers), Airseas annonce cinq commandes fermes de l’armateur japonais Kline et 46 en option. La voile équipant le Ville de Bordeaux pour le compte d’Airbus est testée depuis décembre 2021.
Seakite de Beyond the sea
Également adaptable à une majorité de navires, le kite développé par la société Beyond the sea « comporte une aile à boudins reliée au navire par ses lignes, et se pilote de manière automatique », selon l’entreprise. Le système de cinq tonnes de traction est installé sur son catamaran laboratoire, le SeaKite, et sera implanté sur des navires de marine marchande en 2024.
Oceanwings d'Ayro
Les ailes rigides Oceanwings développées par Ayro vont bientôt être montées sur le navire Canopée, qui transportera les composants du lanceur d’Ariane 6 vers la Guyane. Imaginées dès 2010 par l’architecte naval visionnaire Marc Van Peteghem, ces ailes rigides à deux éléments sont automatisées, affalables et brevetées. Parallèlement au projet Canopée, Ayro va concevoir et fabriquer une version basculable de l’Oceanwings au sein du projet européen Whisper, visant à démontrer « une économie de carburant pour le transport maritime longue distance d’environ 30 % sur un vraquier », commente Romain Grandsart, directeur général adjoint d’Ayro.
Les ailes transformables de Computed Wing Sail
Tout aussi rigides, les « morphing wings » ou ailes transformables créées par CWS (Computed Wing Sail) ont une particularité : elles disposent d’un système d’inversion qui leur permet d’avoir une forme asymétrique optimisée, que le vent vienne de babord ou de tribord. « Comme nous sommes sur des matériaux composites rigides, la forme ne bouge pas et les performances aéronautiques restent identiques avec une maintenance quasiment nulle », explique Bruno Toubiana, managing director de CWS. En cas de gros vent, elles se replient sur elles-mêmes dans une position symétrique permettant de diviser par deux leur hauteur de 36 m.