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Logistique de la seconde vie : éviter de produire à tout prix ?

Publié le 5 décembre 2023

4. Omaj opère sa propre logistique pour une seconde main plus vertueuse

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Omaj

Jeune société française proposant l’achat et la revente d’articles de mode de seconde main via une plateforme de dépôt-vente, Omaj en assure une logistique sur mesure. La start-up réceptionne les colis et les stocke dans son entrepôt, pour ensuite les réexpédier à de nouveaux acheteurs, les donner à des associations ou les surcycler. Entretien avec Paul Charon, co-fondateur d’Omaj.

Pouvez-vous nous présenter succinctement votre entreprise ?
Omaj est une plateforme de dépôt-vente 2.0 dédiée aux vêtements de seconde main. Le processus de vente y est simplifié à l’extrême. Du côté des acheteurs, nous recréons l’expérience d’un site e-commerce classique proposant des vêtements neufs, mais avec 80 à 90 % d’empreinte carbone en moins et des prix deux à cinq fois moins chers pour des pièces de la même qualité.

 

Comment fonctionne votre modèle économique ?

Lorsqu’un client achète un vêtement sur notre site, nous prenons une commission constituée d’une part fixe de six euros, à laquelle s’ajoute 30 % du prix de vente. C’est un modèle dégressif nous permettant de rentrer dans nos frais sur chaque pièce que nous gérons, quelle que soit sa valeur, sans pour autant trop pénaliser les pièces les plus chères. Nous avions envie d’être mieux-disant par rapport au modèle historique des dépôts-ventes en physique. Il n’y a que peu d’incitation chez nous à acheter pour revendre derrière.

 

Comment un client doit-il procéder pour pouvoir vous envoyer ses vêtements ?

La première étape consiste à créer un compte client sur notre site, puis à remplir un formulaire pour savoir combien de pièces vont nous être envoyées afin que nous puissions estimer le poids du colis et sortir une étiquette de transport. Il existe deux moyens de nous acheminer le colis. Dans l’immense majorité des cas, cela passe par Mondial Relay. Nous avons aussi ouvert il y a peu la collecte à domicile pour Paris et la petite couronne, avec un test concluant. Avant de nous envoyer son colis, il faut juste vérifier un certain nombre de critères d’acceptation, dont la liste des marques refusées pour des raisons économiques et qui sont consultables sur notre site.

 

Quels types d’expéditions proposez-vous pour les acheteurs ?

Nous proposons plusieurs modes de livraison classiques sur notre site : via Mondial Relay, ChronoShop2Shop et Colissimo. Nous effectuons principalement du relais, mode d’expédition que nous promouvons par ailleurs avec des tarifs avantageux. Nous n’avons pas suffisamment de volumes pour disposer de routes optimisées du côté de La Poste. C’est aussi beaucoup plus écologique de pousser vers le relais : nous pouvons davantage concentrer les flux avec un opérateur comme Mondial Relay ou Chrono Relais.

 

En quoi votre modèle permet-il d’optimiser les flux entrants et sortants et de réduire les allers-retours ?

Mondial Relay nous livre tous les jours ; notre entrepôt est devenu une « location » officielle du livreur. Chaque jour, un camion vient déposer le flux entrant et récupérer le flux sortant. Nous recevons 17-18 vêtements en moyenne par colis, avec un minimum de cinq afin de rentabiliser l’étiquette de transport. Les volumes sont donc poolés en amont, avec un facteur de charge de 17 en moyenne, et regroupés aussi à la sortie. Les acheteurs de leur côté prennent 3,5 pièces en moyenne, ce qui réduit à nouveau le nombre de colis en mouvement. Si vous faites trois achats sur Vinted, vous avez quasiment 100 % de chance qu’ils proviennent de trois vendeurs différents, avec donc autant de colis à préparer et expédier unitairement.

 

Quelles sont les capacités de stockage de votre entrepôt de Saint-Ouen (93) ?

Nous avons la chance d’être dans un endroit assez modulaire, avec la capacité de s’agrandir au fur et à mesure. Très denses, les vêtements sont placés sur des cintres sur deux étages. Avec nos 250 m² actuels, nous pouvons stocker 20 000 vêtements à un instant T. En revanche à partir de la rentrée, nous allons devoir nous agrandir une première fois, et probablement une seconde fois début 2024. Nous allons chercher 1 000 m² de surface pour avoir le temps de voir venir. Il est toujours délicat de faire des projections avec un petit entrepôt, car tout dépend de la vélocité des ventes, du taux d’écoulement.

 

Quelle solution logicielle utilisez-vous au sein de votre entrepôt ?

Nous avons créé un OMS maison. Nous aurions pu prendre une solution existante, mais nos besoins ne sont pas suffisamment complexes pour le moment. Il fallait également que la solution réponde à notre subtilité : nous ne vendons pas que sur omaj.fr, mais aussi via des marketplaces tierces. Nous avions donc besoin d’un endroit où toutes les commandes puissent retomber et que toute la partie picking et packing puisse être gérée à partir d’une même interface. Avec nos 250 m² actuels, nous n’avons pas encore besoin d’optimiser nos routes de picking. Avec 1 000 m², la question va se poser de conserver notre outil maison ou de passer vers une solution de type Shippingbo pour gagner du temps, particulièrement sur le développement interne.

 

Que deviennent les pièces refusées ?

Ces pièces sont de deux types : les portables et celles ne pouvant plus l’être. Celles de bonne qualité sont données à Emmaüs. Quant aux vêtements abîmés, troués, tâchés… nous en sélectionnons les tissus intéressants. Nous développons un projet naissant consistant à couper des bandes de tissus. Ces dernières sont envoyées à un ESAT [Établissement et service d’aide par le travail, ndrl] pour que nous en fassions des accessoires upcyclés, avec toujours cette volonté de donner une deuxième vie à la pièce. Les rebuts sont quant à eux déposés au Relais [conteneur de collecte de vêtements de la société coopérative Le Relais, à ne pas confondre avec les points relais, ndlr], qui dispose des infrastructures nécessaires pour les recycler.

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