Immobilier
De la friche à l’entrepôt : entre complexité et exemplarité
9. GSE : « Une opération de réhabilitation complexe sur une friche industrielle à Hambourg »
Légende : Dimensionné pour accueillir jusqu’à 300 poids lourds par jour, le bâtiment peut supporter une charge utile de 3 tonnes/m² au 1er étage.
Crédit photo : © GSE
C’est à Hambourg, deuxième ville d’Allemagne et premier port du pays, que GSE s’est vu confier par Four Parx, promoteur spécialisé dans les espaces logistiques, ainsi qu’AEW, société de gestion d’actifs immobiliers, la réalisation de « Mach2 ». Premier centre logistique à deux étages d’Allemagne, il s’étend et s’élève sur une surface de 123 000 m².
Soucieux de limiter l’artificialisation des sols et face à une raréfaction du foncier également tangible en Allemagne, GSE et ses partenaires ont fait le double choix de la réhabilitation d’une ancienne friche industrielle et de la construction à étages, outil idéal d’optimisation des surfaces constructibles. « Mach2 », livré en novembre 2022, a été construit sur le terrain de l’ancienne usine d’embouteillage de Refresco, pour la boisson Punica. Le chantier, qui a duré plus de 36 mois, a nécessité dans un premier temps la déconstruction complète des anciens bâtiments – pour un total bâti de plus de 50 000 m² –, totalement obsolètes, ainsi qu’une purge des fondations afin de rendre le terrain plus hospitalier à de nouvelles constructions.
Des dépôts souterrains
« Au-delà des opérations habituelles de déconstruction, désamiantage et dépollution, le chantier nous a réservé de nombreuses surprises », témoigne Dany Brodhag, country manager chez GSE Allemagne. Car si les équipes du chantier s’étaient préparées à la démolition de ce site des années 1960, certains éléments se sont révélés au fur et à mesure. « Après la démolition des premiers bâtiments de surfaces, il s’est avéré que des constructions d’avant-guerre en sous-sols avaient seulement été recouvertes, sans être vidées, ni déconstruites », poursuit-il. Ces bâtiments souterrains contenaient un dépôt d’anciennes bouteilles de gaz, ainsi que des carcasses d’un dépôt de véhicules automobiles. Pour mener à bien ce projet, il a fallu mobiliser l’ensemble des expertises GSE nécessaires au développement du processus de revalorisation d’anciens sites industriels. « Nous avons dû mener une opération de dépollution et de traitement de la nappe phréatique, et ce durant l’ensemble du chantier, via des bassins de rétentions et de filtrations », explique Dany Brodhag.
D’autres découvertes explosives
Mais le chantier prend une tournure différente. En raison des bombardements intensifs de la ville hanséatique pendant la Seconde guerre mondiale, l’équipe du projet a découvert plus de 20 bombes présumées. L’ensemble de la zone a dû être examiné tous les 1,5 mètre avec des forages exploratoires jusqu’à 6 mètres de profondeur. Parmi ceux-ci, 6 cas suspects se sont avérés être des bombes pesant entre 250 et 500 kg. « Chaque découverte d’engin explosif entraînait la fermeture totale du chantier, raconte Dany Brodhag. Des fondations supplémentaires dans le sol empêchaient souvent l’inspection des engins explosifs et devaient être complètement retirées dans le cadre du déminage du chantier de construction. La présence des engins explosifs a entraîné plus de six mois de retard sur le chantier. »
Un actif unique en son genre
Le projet a été soumis à une procédure complexe concernant le permis de construire avant de pouvoir démarrer, notamment pour relever le défi constitué par les conditions de sol à proximité du port de Hambourg. D’un point de vue architectural, l’actif immobilier – certifié Breeam « Excellent » – est également unique : malgré la localisation en zone industrielle, des critères élevés en matière d’architecture et de construction de façade ont été imposés. Dans cet esprit, une « ceinture verte » de près d’un kilomètre s’étend tout du long de Mach2 : solidement fixée aux supports du bâtiment logistique et composée de plus de 71 000 plantes au total, elle sert de biotope au milieu de la zone industrielle. « Ce projet met en avant les compétences du groupe GSE à rénover et valoriser d’anciennes friches industrielles dans son offre de conception et de réalisation, illustre Roland Paul, président de GSE. Plus que du simple opportunisme en fonction des chantiers, la réhabilitation de friches – alliée aux constructions à étages – est au coeur de la stratégie de GSE pour limiter l’artificialisation des sols et l’impact de la construction sur le changement climatique. Les réhabilitations pèsent aujourd’hui 30 % des projets du groupe, et devraient dépasser les 40 % d’ici la fin de l’année prochaine. »
Légende : La hauteur sous poutre atteint 10 mètres sur chaque étage.
Crédit photo : © GSE