Transversal
3. Une région au cœur du fret transfrontalier du Nord-Ouest européen
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Artur via stock.adobe.comLa forte proportion de métiers logistiques en Hauts-de-France s’explique aussi, selon l’Insee, « par le positionnement géographique de la région, à proximité de l’Île-de-France et de l’Europe du Nord ». Un atout inné, favorable au fret transfrontalier, complété par d’importants investissements pour le développer tout en le décarbonant.
« Prenez une carte et placez-y la pointe d’un compas sur Lille, image Yann Pitollet de Nord France Invest. Puis tracez un cercle d’un rayon de 300 kilomètres. Vous remarquerez qu’il englobe le plus grand bassin de consommation d’Europe, et le troisième mondial après Tokyo et New-York. » Cette sphère d’attraction est largement évoquée par de très nombreux professionnels des Hauts-de-France, tel un leitmotiv inné et rhétoriquement favorable dans les négociations commerciales. Outre une position centrale, les Hauts-de-France s’appuient aussi sur de solides infrastructures de transport. « Nous disposons d’un très bon réseau autoroutier, qui représente 10 % de l’ensemble français, avec douze autoroutes traversant la région entre Paris, Londres et Bruxelles ; sans parler de nos réseaux ferroviaires et fluviaux, actuels et à venir, extrêmement importants », précise Fabien Becquelin, spécialiste du transport multimodal et directeur opérationnel de la Fédération Norlink. Celle-ci regroupe les acteurs du transport et de la logistique de la région Hauts-de-France avec pour objectif de faire de ce territoire une référence de la « green logistique » et du report modal.
« 247 départs hebdomadaires de services de transport combiné depuis la région »
Le fret ferroviaire y représente notamment 20 % du trafic national de marchandises, soit un poids relatif deux fois supérieur à la taille du réseau dans la région, comptant 2 900 kilomètres de voies ferrées pour 150 installations terminales embranchées. Dans ce hub logistique local XXL, les chargeurs bénéficient de 13 millions de mètres carrés d’entrepôts avec 600 000 m² de surface de dernière génération. « Près de 150 000 emplois sont déployés dans le transport et la logistique avec un fort réseau serviciel et de nombreuses sociétés de transports routier, ferroviaire et fluvial ainsi que de logistique. Par exemple, nous avons 247 départs hebdomadaires de services de transport combiné depuis la région », précise Philippe Hourdain, président de la CCI de la Région Hauts-de-France et de la Fédération Norlink.
Hasard de la proximité ou spécificité culturelle ? Tous les acteurs décrivent des relations proches avec les CCI, le conseil régional ou encore le pôle d’excellence Euralogistic [cf. page 8]. « Je constate un fort dynamisme du tissu économique de la région, et notre club planifie d’ailleurs une rencontre annuelle au port de Dunkerque en présence de l’administration centrale, des douanes, des dockers et des parties prenantes (transporteurs, terminaux). Nous partageons une volonté commune de faire avancer les dossiers », confirme Frédéric Chabasse, président du Club des Chargeurs des Hauts-de-France, association regroupant des entreprises régionales importantes, tant importatrices qu’exportatrices. « Dans des circonstances de crise comme les récentes inondations, nous avons assuré le lien entre les services de l’État et les entreprises », relate Sébastien Delquignies, co-président de l’Union Transport et Logistique de France (TLF) dans la région.
Pour renforcer cet avantage, les acteurs comptent bien accroître la multimodalité à la suite du passage au grand gabarit du Canal Seine-Nord Europe en 2030 [cf. interview page 7]. « L’interaction entre les différentes plateformes de la région est l’un des principaux enjeux et va de pair avec l’amélioration continue de leur organisation », ajoute Laurent Desprez, directeur d’Euralogistic. « La bonne connectivité avec les terminaux intérieurs, le port de Lille, Delta 3 et les bonnes liaisons avec les opérateurs multimodaux que sont la barge et le train seront des ressorts de l’accélération future de la logistique », appuie Frédéric Chabasse.
Faire de la région une référence en matière de transport et de logistique verts
Autres enjeux de taille, les transitions écologiques et énergétiques. Là encore, la dynamique est collective autour de la « troisième révolution industrielle » initiée en 2012 dans la région, en s’axant sur le développement durable. Baptisée Rev3, l’initiative vise à intégrer les enjeux liés à l’énergie et à la connectivité ainsi qu’aux nouveaux matériaux et à l’économie circulaire. Créé en juin 2023 avec la Chambre de commerce et d’industrie ainsi que la Chambre de métiers et de l’artisanat régional, le référentiel Rev3 entreprises guide les sociétés dans leur transition écologique. Il doit être envoyé aux 170 000 entreprises et artisans des différents départements pour leur donner des pistes d’action. Avec pour objectif de faire des Hauts-de-France la région de référence en matière de transports et de logistique verts. Les fédérations jouent le jeu de la transition : même si « les flottes électriques ont dix fois moins d’autonomie et sont trois fois plus chères que leurs équivalentes thermiques, nous informons nos adhérents sur les différents aspects environnementaux, en particulier les réseaux d’avitaillement et les stations de GNC, de GNL et de charges électriques », souligne Sébastien Delquignies de l'Union TLF.
Focus
Cinq capitales européennes dans un rayon de 300 km
En partant depuis le chef-lieu des Hauts-de-France, cinq capitales du continent européen sont accessibles à moins de 300 kilomètres à vol d’oiseau. Soit par ordre croissant de distance depuis Lille : Bruxelles, Paris, Amsterdam, Londres et Luxembourg.
Bruxelles
Distance depuis Lille en ligne droite : 94 kilomètres
Durée du trajet le plus court en train : 00h34
Temps de trajet moyen en voiture (via voies rapides) : 1h25
Paris
Distance depuis Lille en ligne droite : 204,5 kilomètres
Durée du trajet le plus court en train : 01h05
Temps de trajet moyen en voiture (via voies rapides) : 2h22
Amsterdam
Distance depuis Lille en ligne droite : 231 kilomètres
Durée du trajet le plus court en train : 02h43
Temps de trajet moyen en voiture (via voies rapides) : 3h25
Londres
Distance depuis Lille en ligne droite : 243 kilomètres
Durée du trajet le plus court en train : 01h21
Temps de trajet moyen en voiture (via voies rapides et le Shuttle du tunnel sous la Manche) : 3h25
Luxembourg
Distance depuis Lille en ligne droite : 246,6 kilomètres
Durée du trajet le plus court en train : 02h43
Temps de trajet moyen en voiture (via voies rapides) : 3h25
Sources : Distance.to, SNCF Connect, ViaMichelin