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et logistique

Entrepôts

L’entrepôt fait sa révolution silencieuse

Publié le 27 juin 2024

3. L’intralogistique discrète, un bruit qui court ?

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Dematic | La trieuse à sabots coulissants Flexsort SL2 de Dematic, conçue pour limiter les bruits.

Au cœur de l’entrepôt, les nombreuses machines, systèmes et équipements tendent à devenir de plus en plus silencieux. De notables efforts s’opèrent dans la réduction du bruit de ces outils hétéroclites : les solutions pour rendre l’environnement de travail moins bruyant se multiplient.

« La prévention des blessures physiques reste une priorité absolue sur le lieu de travail, et la dernière décennie a vu une prise de conscience accrue de l’importance de la réduction et de l’atténuation du bruit », introduit Karthik Subramanian, director product management chez Dematic à Atlanta, aux États-Unis. Dirigeant une équipe mondiale de chefs de produits spécialisés dans les équipements et les solutions d’automatisation d’entrepôt, il constate une prise de conscience internationale de cet enjeu de santé majeur. « La sixième enquête européenne sur les conditions de travail [l’European Working Condition Survey, ou EWCS, réalisée en 2015 via plus de 35 000 entretiens d'employés dans 35 pays (1), ndlr] a révélé que 28 % des travailleurs étaient exposés à un bruit excessif pendant au moins un quart de leur temps de travail. L’exposition à des bruits dangereux peut entraîner une perte auditive, associée à des acouphènes, des problèmes cardiaques, un déclin cognitif et des problèmes de santé mentale. À mesure que les utilisateurs finaux deviennent plus conscients des risques associés, des efforts accrus sont déployés pour réduire les niveaux de bruit au sein de leurs installations. » C’est dans cette volonté de préservation de la santé des salariés que l’intralogisticien a développé une solution complète pour traiter les environnements de travail bruyants dans les entrepôts.

 

Le bruit, « un phénomène complexe »

« À première vue, le problème du bruit semble simple à résoudre, poursuit Karthik Subramanian. Vous pouvez utiliser vos propres oreilles pour identifier ce que vous estimez être bruyant et soit améliorer votre équipement, soit placer une barrière acoustique. Des appareils tels que des décibelmètres portatifs et des “caméras” anti-bruit peuvent fournir des données pour vous aider à mesurer les niveaux sonores, et même à effectuer une analyse avant et après. Malheureusement, ils ne sont pas des remèdes. Car le bruit est un phénomène complexe qui nécessite une évaluation globale. Les appareils de manutention, l’agencement du bâtiment, les matériaux manipulés et la vitesse des équipements ont tous un impact sur les niveaux de bruit. L’audit de cartographie du bruit en 3D de Dematic est la première étape pour aider à comprendre l’ensemble des opérations. » Avec cet outil, l’entreprise spécialisée dans l’automatisation logistique construit une sorte de carte thermique de l’entrepôt pour aider ses clients à visualiser les niveaux de bruit. Elle identifie ce qu’elle appelle les « points chauds », susceptibles d’amplifier le niveau de bruit dans l’ensemble des installations logistiques. Libre ensuite au propriétaire du bâtiment et des équipements d’investir dans de nouvelles machines ou de les transformer, d’installer des protections acoustiques, ou de changer la configuration de son circuit de convoyage et de ses postes de travail par exemple.

 

Une réduction des nuisances à tous les niveaux

Afin de répondre aux besoins des chargeurs et logisticiens en quête de solutions plus silencieuses, les fournisseurs et équipementiers multiplient les innovations dans le domaine. C’est le cas de Raja, qui propose un large catalogue de produits conçus pour réduire les bruits qu’ils peuvent par nature occasionner. « La réduction du bruit est un critère important, intégré dans notre processus de référencement, expose ainsi Ulrick Parfum, directeur achats et marketing produits du groupe français. La bonne gestion de ce critère participe à la qualité de vie au travail, essentielle pour nos clients, au même titre que les produits anti-TMS (troubles musculo-squelettiques) ou les équipements de sécurité. » Le spécialiste de la distribution d’emballages, de fournitures et d’équipements pour les entreprises propose, parmi une foultitude d’articles, des adhésifs silencieux, car les « classiques sont naturellement bruyants », témoigne Ulrick Parfum. Fabriqués en polypropylène (PP), pour une épaisseur de film de 35 microns, ils comportent une colle acrylique avec un traitement corona (2). Raja propose en complément un dévidoir à déroulement silencieux : « Le frein constant mis sur le dérouleur va permettre de contrôler la vitesse de déroulement du ruban adhésif et d’atténuer le bruit », explique le responsable de Raja, qui indique également que « sa légèreté réduit de plus les risques de TMS liés à l’utilisation de produits trop lourds. »

 

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(1) Sixth European Working Conditions Survey: 2015, Eurofound, 2016

(2) « Le traitement corona a été initialement introduit sur le marché industriel en raison de sa capacité à traiter les surfaces métalliques et plastiques en leur donnant des propriétés adhésives, de sorte que tout type d’impression ou de collage puisse facilement avoir lieu sur une variété de surfaces », relate le fournisseur d’équipements industriels danois Tantec, spécialiste du traitement de surface par plasma et corona.

 

Focus

De l’importance des équipements de protection individuelle

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« En France, la réglementation concernant les nuisances sonores dans les lieux de travail, y compris les entrepôts, est principalement dictée par le Code du travail », rappelle Ulrick Parfum, qui précise qu’à partir de 80 dB (A), le niveau d’exposition est considéré comme préoccupant, et qu’une exposition égale ou supérieure à 85 dB (A) sur une journée de travail de huit heures impose le port de protections auditives. « C’est pourquoi les équipements de protection individuelle (EPI) jouent un rôle essentiel dans la gestion des nuisances sonores en entrepôts, même s’ils ne doivent être utilisés qu’en dernier recours, après avoir épuisé les mesures de protection collective, poursuit-il. Par exemple, si le bruit dans l’entrepôt ne peut pas être réduit à un niveau sûr par des moyens collectifs (comme l’isolation acoustique), les travailleurs doivent porter des EPI. » Parmi ces derniers se retrouvent les bouchons d’oreilles, les plus isolants casques de protection auditive, ainsi que les arceaux antibruit (semblables au stéthoscope d’un médecin), une alternative entre ces deux équipements convenants « à une utilisation intermittente ou occasionnelle », précise Ulrick Parfum.

 


Crédits photos : © Raja 

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