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Transport
Passé de parent pauvre à levier stratégique d’optimisation, le transport s’illustre comme une fonction cible dans l’optimisation de la supply chain. Une aubaine pour les éditeurs de TMS, logiciels phares pour la gestion du fret. Plus modulaire, ergonomique et innovant, ce dernier, seul ou intégré à une solution unifiée, s’invite davantage dans les réflexions stratégiques des donneurs d’ordres. Tous secteurs et tailles confondus – en témoignent les cas concrets à suivre –, le TMS, pourtant présent dans l’écosystème supply chain depuis des dizaines années, prend enfin sa place.
1. Le TMS, pivot d’une vision unifiée de la supply chain
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Enanuchit via stock.adobe.comArbitrer, vite et bien. Prendre des décisions rapides et pertinentes dans le transport n’est plus une simple ambition, c’est une nécessité.
Enjeu clé pour les organisations, tous secteurs d’activités ou tailles confondus, l’excellence opérationnelle en matière de transport relève d’une impérieuse nécessité. Et depuis près de quatre ans, le monde d’après Covid ne cesse de démontrer le caractère stratégique de ces activités de gestion dédiées. Chacune des perturbations observées, mondiales ou nationales – Canal du Panama et de Suez, blocages routiers, inflation, événements climatiques extrêmes, ruptures d’approvisionnement énergétiques – impactent le fonctionnement des entreprises. « Avec la Covid est arrivée l’organisation du travail en mode hybride avec des équipes de plus en plus décentralisées et en plus asynchrones en termes de disponibilité, entame Antoine Bertrandy, CEO de CargoON. Cela touche toutes les entreprises et tous les secteurs, sans compter leur besoin d’attirer des nouvelles générations et talents à forte sensibilité digitale. La collaboration nécessite des outils simples et flexibles, et une diversité de capacité de collecte et de diffusion de l’information. La multitude et la maturité des acteurs du transport et de la logistique impliquent néanmoins de proposer des solutions multi-technologies pour collaborer. L’intégration avec des systèmes informatiques (ERP, WMS, TMS...), la mise à disposition de plateformes web et applications sont des solutions de base à proposer aux clients. » Cette évidence entraîne effectivement depuis quelques années la démultiplication de solutions digitales pour assurer la gestion de ces opérations parfois complexes, de l’aval à l’amont de la supply chain.
En tête de peloton, figure depuis de très nombreuses années le TMS. Sous cette terminologie, des plateformes collaboratives, des interfaces plus intuitives et ergonomiques, des tours de contrôle stratégiques et des logiciels historiques s’affichent sur le marché : « Plusieurs outils peuvent se cacher derrière le mot TMS. Chez Shippingbo, nous assurons la gestion chargeurs multi-transporteurs et l’édition d’étiquettes avec les différents transporteurs. Historiquement, nous proposions uniquement notre solution TMS aux utilisateurs de notre WMS. Elle existe désormais en standalone [seule, sans modules complémentaires, ndlr] pour les logisticiens ou les donneurs d’ordres », signale Romain Parent, chief strategy officer de Shippingbo. Et cette évolution rapide des technologies de l’information impacte indubitablement les besoins des entreprises qui « recherchent désormais des solutions plus intégrées, offrant une meilleure connectivité avec l’ensemble de leur écosystème logistique et une plus grande capacité d’analyse des données », constate Thomas Felfeli, directeur général d’Acteos.
Order, Warehouse et Transport systems, vers le tout-en-un ?
Cette notion de solution unifiée a effectivement tendance à se développer chez les éditeurs, cassant désormais les silos traditionnels de la supply chain pour une vision de bout-en-bout des opérations. « Nous assistons à une augmentation des écosystèmes par le biais des partenariats entre acteurs technologiques, informatiques ou métiers, que ce soit pour fournir des solutions intégrées, couvrir des fonctionnalités ou des zones géographiques spécifiques. Les entreprises ont compris que les réseaux applicatifs qu’elles forment entrent en compétition avec ceux de leurs concurrents », souligne Antoine Bertrandy. En témoignent des outils tels que celui de Shippingbo, solution logistique composée à la fois d’un OMS, d’un WMS et d’un TMS ; ou bien encore Odatio développée par Savoye, embarquant elle aussi ces trois logiciels dans une même application pour permettre une gestion modulaire, évolutive et globale de la supply chain.
Cette fusion opérationnelle est également présente du côté de Generix Group et sa nouvelle filiale DDS, acquise fin 2023. Un rapprochement stratégique pour que les deux éditeurs puissent offrir aux chargeurs et prestataires logistiques une solution de pilotage de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. « Nos clients disposeront d’une offre à 360 degrés, que nous qualifions “du cargo au frigo”, et pourront ainsi trouver une expertise et une réponse sur chacun des segments de la supply chain, tant pour leur gestion des flux physiques, qu’administratifs ou d’échanges commerciaux », expliquait à l’époque de l’annonce du rachat Raphaël Sanchez, aujourd’hui devenu président de Generix. Même conviction chez Manhattan Associates, dont la visée tient dans l’exécution d’une logistique unifiée entrante et sortante : « Le client peut choisir de ne prendre que le TMS, le WMS ou bien les deux, au sein d’une seule et même application conçue comme une plateforme unifiée. Ce groupement de solutions permet d’éviter toutes zones d’ombre dans le périmètre de l’exploitant transport et celui de l’entrepôt. Il va permettre plus de gains de transport, en rapprochant par exemple les process avec la gestion de la cour, l’optimisation du plan de chargement ou bien encore la gerbabilité des palettes », argumente Mathilde Delivré, SupplyChain & Omnichannel Solutions Consulting Manager pour Manhattan Associates.
Des enjeux grandissants et des réponses de plus en plus technologiques
Outre la forme prise par la solution TMS en elle-même, les évolutions sont aussi de mise sur le fond et les attentes des entreprises. En tête de liste, et même si l’urgence climatique et les réglementations – dont celles liées à l’Accord de Paris et à la directive européenne CSRD – tendent à faire passer la dimension environnementale en priorité, figure encore et toujours la notion de réduction des coûts. Une attente renforcée par un contexte économique complexe, en témoignent les prévisions du CNR (Comité national routier) pour 2024 sur une inflation des coûts hors carburant proche de + 6,8 % par rapport à l’an passé : « Les besoins actuels de nos clients en matière de transport et de TMS sont diversifiés mais convergent souvent vers quelques grands axes. La réduction des coûts reste une préoccupation majeure pour la plupart des entreprises. Les solutions TMS doivent être en mesure d’optimiser les itinéraires, de minimiser les temps d’attente et de rationaliser les processus pour une efficacité accrue », assure Thomas Felfeli. Ces effets sur la diminution des tarifs induisent des conséquences non négligeables sur les enjeux de durabilité du transport.
Outre l’accès à des rapports d’émissions de CO2, le TMS, en agissant sur l’optimisation des trajets, l’utilisation de modes de transport plus durables et la définition de plans de transport à multiples critères, permet à ses utilisateurs de réaliser un arbitrage entre coûts et émissions de CO2 dès la planification des opérations. « Le TMS permet de définir une marge entre le plan de transport qui coûte le moins cher et celui qui réduit l’empreinte environnementale. Il est ensuite possible d’aller puiser dans cette marge pour choisir un transporteur proposant des options plus vertes. C’est ici que réside véritablement l’enjeu du TMS. Il permet d’accompagner les exploitants transport dans leur progression sur cet axe stratégique, soutient Mathilde Delivré. Comment modifier mon plan de transport et outiller mes exploitants pour qu’ils soient en mesure d’apporter les réductions ? Le plus gros frein reste aujourd’hui la conduite du changement mais nous constatons néanmoins une forte envie. »
Et si les utilisateurs sont de plus en plus attentifs à l’empreinte carbone, l’optimisation de la gestion des livraisons reste aussi un de leurs enjeux cruciaux. « Face à une concurrence féroce, nos clients cherchent à améliorer la visibilité de leurs expéditions, à réduire les délais de livraison et à offrir une meilleure expérience à leurs clients finaux. Les fonctionnalités de suivi en temps réel et de gestion des retards sont donc très demandées. Dans les années à venir, il ne fait aucun doute que l’intelligence artificielle fera aussi partie intégrante des outils d’optimisation de la logistique et permettra d’intégrer des prévisions de plus en plus précises et des recommandations plus pertinentes. Acteos intègre d’ores et déjà de l’IA au sein de ses modules TMS. De manière générale, des outils de collaboration et de partage de données seront de plus en plus plébiscités afin de favoriser une plus grande transparence et une meilleure coordination entre les différents acteurs de la chaîne logistique », détaille Thomas Felfeli.
De son côté, Manhattan Associates applique depuis longtemps une forte politique d’investissement en matière de développement et de R&D. L’an dernier, ce sont plus de 120 millions d’euros qui ont été investis dans sa plateforme. Son TMS bénéficie de cette stratégie depuis 2021 et a ainsi été réécrit en micro-services. Cette réécriture permet une application full API proposant tous les trois mois de nouvelles fonctionnalités pour ses clients, qu’ils ont la liberté d’activer ou pas. L’éditeur travaille également sur le sujet de la Knowledge Base (base de connaissances) et de l’intelligence artificielle pour rendre le système et l’information accessibles plus facilement. Une technologie sur laquelle la majorité des éditeurs s’accordent tout en restant néanmoins prudents : « Nous y réfléchissons, mais même les clients ne sont pas tous encore prêts à ce qu’un algorithme prenne les décisions à leur place. Aujourd’hui, ils veulent des aides à la décision », conclut Romain Parent.