Transport
4. Le MCS, une technologie de rupture ?
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Milence / Power ElectronicsEn voie de finalisation de développement et de normalisation, le système de recharge MCS commence à être déployé en phases de tests. Permettant le rechargement de batteries de grande capacité en un temps record, ce connecteur de charge pourrait à terme devenir un standard européen.
Le MCS, pour megawatt charging system, est un connecteur de charge conçu pour les batteries de grande capacité des véhicules lourds électriques (camions bien sûr, mais aussi bus, avions, navires, véhicules agricoles…). Développé sous l’égide de CharIN – cette association internationale regroupe l’ensemble des acteurs de l’électromobilité : constructeurs automobiles, fabricants de bornes de recharge, fournisseurs de composants, fournisseurs d’énergie, exploitants de réseaux… –, le système de charge mégawatt devrait bientôt devenir un standard européen facilitant le quotidien des chauffeurs de camions électriques longue distance. « Dans le cadre d’une recharge en itinérance le temps d’une pause réglementaire, le MCS est pertinent, pour pouvoir proposer la puissance maximale possible pour un temps de recharge le plus court », expose Saul Lopez de Zunder.
Anticiper l’avenir
L’acteur spécialisé dans la recharge ultra-rapide anticipe le marché et planche depuis longtemps sur la technologie MCS, avant son arrivée effective sur le terrain. « Bien qu’il n’y ait pas de poids lourds aujourd’hui capables d’accepter 1 200 kW (il y en a déjà quelques-uns qui supportent les 800 voire les 1 000 kW), nous proposons déjà aujourd’hui, sur les projets que nous présentons, de la recharge en MCS à 1 200 kW de puissance », indique-t-il. Même son de cloche du côté de Milence, qui prévoit sur ses sites de « déployer le MCS dans une seconde phase », annonce Alexandre Hélibert. « C’est notamment notre ambition pour celui de Rouen. Nous estimons pouvoir déployer et opérer des plans de charge MCS d’ici la fin de l’année 2024 ou le début de l’année 2025 », étoffe-t-il. Ce mode de recharge est d’autant plus intéressant pour les infrastructures publiques, favorables au transport longue distance en Europe, comme celles que Milence propose.
Des projets encore à l’état de POC
Chargepoly projette pour sa part une adoption à grande échelle de cette technologie d’ici deux ans. « Nous avons depuis longtemps engagé un programme de R&D sur le MCS, avec pour objectif de disposer d’une solution industrielle pour 2026, anticipe Thomas Vanquaethem. Car cette technologie n’est pas encore normée au niveau international ; les comités de CharIN, dont nous sommes membre, sont toujours en train de statuer dessus. Lorsque nous entendons aujourd’hui parler de projets impliquant du MCS, il s’agit pour l’instant de POC. En tant que partie prenante de cette organisation structurant les industriels autour du MCS, un certain nombre d’informations nous permettent cependant d’orienter notre R&D sans attendre la publication de la norme. Nous pouvons ainsi déjà développer des produits et pratiquer des essais avec des constructeurs, en travaillant ensemble pour concevoir les meilleures solutions côté camions et côté infrastructures. »
Focus
Un système de charge plus adapté à l’itinérance qu’au dépôt
Pour François Oudot, CEO de Bump, le déploiement du MCS impose une réflexion en termes de retour sur investissement, car la puissance gigantesque que pourront délivrer les stations adaptées se répercutera sur la facture des utilisateurs. Sans compter le coût unitaire des bornes en elles-mêmes, qui peut vite s’envoler dans le cadre de systèmes de charge ultra-rapides. « Le MCS va évidemment avoir un intérêt dans l’électrification, en revanche je ne pense pas qu’il sera beaucoup usité de manière générale sur de la recharge au dépôt, en entrepôt, analyse-t-il. Nous estimons qu’il faut être en dessous des 40 centimes d’euros le kilowattheure pour avoir un TCO qui fonctionne dans le marché du poids lourd électrique. »
