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et logistique

Transport

Les poids lourds électriques au pas de charge

Publié le 3 octobre 2024

5. « La technologie évolue et tout le monde se tient prêt »

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Zunder | Saul Lopez, directeur du développement international de Zunder.

Originaire d’Espagne, Zunder y propose déjà une douzaine de stations de recharge accessibles aux poids lourds. Saul Lopez, son directeur du développement international, bénéficie d’une vision poussée du marché de l’électromobilité en Europe du Sud, apte à en détecter les spécificités françaises. Entretien.

Comment voyez-vous se développer le marché de la recharge des poids lourds électriques en France ?
Nous observons quelques projets pilotes mis en place, sans grande vague pour équiper les aires de services, comme il y a 2-3 ans pour les voitures électriques. Du côté des poids lourds, le marché reste encore embryonnaire. La technologie évolue et tout le monde se tient prêt, mais personne n’a encore véritablement donné le coup de départ.

 

Que pourriez-vous apporter à cet écosystème ?

Nous sommes en train, avec des partenaires, de participer à des réponses d’appels d’offres visant à équiper ou renouveler tous les services d’une aire existante. Nous allons donc accompagner un restaurateur, un distributeur de carburant, une boutique, sur des aires où il y a déjà de l’IRVE [infrastructure de recharge de véhicules électriques, ndlr] existante mais où il n’y a pas d’infrastructure dédiée du côté poids lourd. Nous la proposerons en complément. Nous constatons que les concessionnaires autoroutiers sont très intéressés. Ce sont eux qui choisissent quel opérateur d’IRVE poids lourd l’emporte, pendant 15 ans de durée d’occupation pour le moment. En vue des énormes investissements nécessaires pour déployer une importante station de recharge (nous ne parlons pas de poser juste deux bornes), il nous faut être assuré de rester 15 à 30 ans sur un même site pour bénéficier d’un bon retour sur investissement.

 

Quels types de services allez-vous proposer pour les chauffeurs de poids lourds ?

En passant sur l’autoroute A63, entre Bordeaux et Bayonne, vous pouvez déjà voir quatre aires de services sur lesquelles nous sommes installés. Nous y proposons des aspirateurs, des gonfleurs, des tapis, des kits de nettoyage pour les pare-brises… Nous allons offrir exactement la même chose du côté poids lourd. Lorsque nous nous installons sur un lieu où ces services ne sont pas présents, nous prévoyons la construction d’un bâtiment comprenant des toilettes, une zone d’attente avec des machines de distribution (snack, café)… Nous pensons toujours au confort des utilisateurs. C’est pour cela que nous proposons de gros auvents avec des panneaux solaires photovoltaïques intégrés. Certes, la production d’énergie renouvelable sur site est un atout, mais ce n’est pas cela qui va changer la rentabilité économique de l’ensemble du projet. La présence de ces auvents répond davantage à une question de commodité, pour se protéger des intempéries.

 

En tant qu’acteur bien implanté en Espagne, se développant également au Portugal et en Italie, que pensez-vous de l’accessibilité du réseau autoroutier français pour les poids lourds électriques et leurs infrastructures de recharge ?
En milieu autoroutier français se retrouvent à la fois les aires de services et les aires de repos, sur lesquelles peuvent circuler les poids lourds. Une particularité consiste à ce que les flux soient déjà séparés dès l’entrée de l’aire ; il est donc strictement interdit aux poids lourds d’accéder à la partie réservée aux véhicules légers. S’y ajoutent des problématiques de stationnements sauvages sur certaines aires, par manque de foncier disponible. Il faut ainsi concevoir des chicanes, des poteaux, des portiques pour les empêcher. À certains moments ponctuels et à cause de ces différentes problématiques, les autoroutes n’ont pas suffisamment de capacité pour absorber le flux de poids lourds. Cela va aussi impacter le déploiement des infrastructures de recharge dédiées sur le réseau autoroutier français.

 

Bénéficiez-vous de subventions particulières pour vous aider à vous déployer dans l’Hexagone ?

En France, un décret a tout d’abord exigé à tous les concessionnaires d’équiper les aires de services en infrastructures de recharge (1). S’en est suivi un accompagnement de l’État, avec des aides terminées depuis. L’Ademe a aussi mis fin à ses programmes de subventions de façon abrupte. Nous observons toujours certaines aides pour l’installation de bornes en copropriété. Mais il n’en existe quasiment plus pour le déploiement massif d’infrastructures de recharge pour poids lourds, ou de grosses installations IRVE, y compris pour les véhicules légers. Il faut plutôt aller creuser du côté de l’Union européenne, pour être présent sur le réseau TEN-T (Trans-european transport network) (2). Dans tous les cas, le niveau d’aides a diminué ces derniers temps.

 

Propos recueillis le 28 juin 2024.

  

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(1) Arrêté du 15 février 2021 relatif aux modalités de gestion de l'aide en faveur des investissements liés aux installations de recharge rapide pour véhicules électriques sur les grands axes routiers.
(2) Réseau transeuropéen de transport (abrégé RTE-T en français), visant, selon la Commission européenne, à « développer la connexion entre les réseaux routiers, ferroviaires et fluviaux ainsi que les ports et aéroports des États membres ». Des milliards d’euros de subventions émanant de l’Union européenne et des 27 pays la composant permettent de cofinancer des projets favorables à cette interconnexion. Source : Développement du réseau transeuropéen de transport, Sénat, 2021

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