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eCommerce
En 2016, Voxlog publiait un dossier magazine intitulé « E-commerce : le fulgurant essor des consignes automatiques ». Un sujet avant-gardiste, en écho à des déploiements conséquents au sein d’un marché embryonnaire. Les premiers opérateurs de boîtes à colis sécurisées promettaient déjà de révolutionner la livraison hors domicile, en investissant massivement dans leur R&D et leurs réseaux dédiés. Après un démarrage bien moins explosif que prévu, la consigne automatique connaît véritablement, depuis environ deux à trois ans, le « fulgurant essor » annoncé en France. Panorama rafraîchi d’un écosystème national en plein boom.
1. Des consignes massivement déployées en France
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Mondial RelayAprès un timide démarrage dans l’Hexagone il y a 10 ans, les consignes connaissent aujourd’hui une adoption généralisée. Les opérateurs multiplient, de façon quasi-exponentielle, leurs réseaux de points de retraits automatiques de colis depuis un peu plus de deux ans.
Une décennie plus tôt, les premiers réseaux de consignes automatiques sécurisées pour dépôt et retrait de colis apparaissaient en France. Portées par des acteurs tels que le polonais InPost et le français Pickup (avec son partenaire Packcity France, émanant de l’ancienne entité Neopost ID), les boîtes à casiers bardées de technologies émergeaient alors dans les gares, les centres commerciaux et les magasins. « Nous étions les premiers à installer des consignes en France, avec une première unité déployée en 2014 pour Système U, se remémore Olivier Titeux, directeur commercial de Pickup, filiale de Geopost (groupe La Poste) opérant un dense réseau de relais et de consignes. Nous étions très en avance sur ce phénomène, mais ce dernier a pris une dimension assez exceptionnelle depuis ces deux dernières années. » Après un démarrage tricolore plus faible que prévu, par rapport aux projections initiales des différents opérateurs, la consigne automatique à colis connaît enfin la réelle explosion nationale qui lui était promise.
« Un détonateur »
« La période du Covid fut un détonateur, explique Katia Bourgeais Crémel, directrice Europe des consignes automatiques chez Quadient. Tout le monde a paniqué. Les transporteurs et les e-commerçants ont eu du mal à s’adapter soudainement à la flambée du nombre de livraisons. Le locker* est ainsi apparu comme une réelle alternative. » Connue sous le nom de Neopost jusqu’en 2019, cette société française cotée en Bourse (fêtant ses 100 ans en 2024) comprend un réseau mondial de plus de 20 000 consignes, dont une grande partie installée aux États-Unis, au Canada et au Japon. Depuis 2022, Quadient consolide fortement son maillage en Europe de l’Ouest, en particulier au Royaume-Uni, mais aussi dans l’Hexagone. « En France, une grande partie de notre base de consignes installée se retrouve auprès des retailers, avec des acteurs comme Decathlon et Leroy Merlin, poursuit Katia Bourgeais Crémel. Nous les retrouvons également dans les bureaux de poste, les gares… S’y ajoute un réseau ouvert en forte croissance, avec notamment Auchan. » En 2023, Quadient devint en effet le partenaire exclusif de l’enseigne de grande distribution pour du retrait en consignes de colis multi-transporteurs dans plus de 400 magasins en France.
Les courbes d’unités installées grimpent en flèche
Autre acteur majeur de la consigne, Mondial Relay multiplie les déploiements sur le territoire, avec un nombre d’unités en très forte progression au fil des dernières années. « Fin 2021, après six mois d’efforts, nous avions réussi à en installer 300, relate Quentin Benault, directeur général délégué de Mondial Relay pour son développement commercial en France et au Benelux. À fin 2022, nous en étions à 2 400. À la fin de l’année dernière, à 4 700. En septembre 2024, nous devrions avoir dépassé les 6 000 consignes en France. »** Racheté par InPost en 2021, le spécialiste de la livraison de colis a bénéficié du savoir-faire en la matière de sa maison-mère. Auparavant présent avec des consignes nommées « Abricolis », le groupe polonais s’appuie désormais sur sa filiale et ses « Lockers » pour reconquérir le marché tricolore de la livraison de colis intelligente, avec une importante force de frappe. Du côté de Pickup, qui disposait en juillet 2024 de 19 400 « points de contact » (relais et consignes) en France, les prévisions de renforcement de son maillage tendent aussi vers une hausse drastique de nouvelles machines à colis : « Nous aurons 4 000 consignes d’ici la fin de l’année, et 6 000 en 2026 », prévoit Olivier Titeux.
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* Le mot anglais « locker » peut se traduire en français par casier ou vestiaire. Diminutif de « parcel locker », pour « casier à colis », il est aussi très largement usité, dans le jargon des professionnels du e-commerce, pour désigner simplement et efficacement les consignes automatiques à colis.
** L'ensemble des interviews de ce dossier ont été réalisées en juin et juillet 2024, pour une première parution dans le magazine trimestriel de Voxlog N° 39, distribué physiquement à partir de mi-septembre. Certaines données de cette version en ligne ont ainsi pu légèrement évoluer entre-temps.