Consignes automatiques : un renouveau hexagonal inédit

378 130 colis livrés en un jour via 3 465 livreurs. Tels furent les chiffres enregistrés par Colis Privé le seul 20 décembre 2023, lors de sa période de pic de fin d’année. Spécialisée dans la livraison de colis du dernier kilomètre, à domicile et en relais, la filiale de Ceva Logistics (groupe CMA CGM) s’est associée à Mondial Relay pour proposer des remises en consignes automatiques. Une offre complémentaire permettant notamment de réduire les tentatives infructueuses de livraisons à domicile et les déplacements des chauffeurs. Mais aussi de désengorger des points relais pouvant rapidement arriver à saturation lors des pics d’activités intrinsèques au e-commerce. « Nous avons depuis longtemps fait le choix de proposer un réseau ouvert à d’autres transporteurs, notamment sur nos points relais. De même, plusieurs entreprises de distribution, nationales ou internationales, utilisent nos Lockers », explique Quentin Benault , directeur général délégué au commerce de Mondial Relay.

Idem pour Quadient, pionnier dans le développement d’un réseau accessible aux prestataires de distribution. « Nous comptons notamment Relais Colis, UPS et GLS comme partenaires en France, mais également dans d’autres pays pour certains d’entre eux », illustre avec une liste non exhaustive Katia Bourgeais Crémel, en charge du développement de l’activité « Lockers » de sa société en Europe. Quant à Pickup, la filiale de Geopost profite des nombreuses synergies avec ses consœurs. Approvisionnées aussi bien par Chronopost, DPD France que Colissimo, les boîtes à colis intelligentes logotées « Pickup » incluent une offre multi-transporteurs par essence. À noter que Quadient fait également partie de ses différents fournisseurs de consignes.

Des consignes en renfort des relais

« Via notre réseau ouvert, nous cultivons un positionnement unique et agnostique, multi-acteurs et multi-services, poursuit Katia Bourgeais Crémel, dont le réseau « Parcel Pending » fait figure d’exemple à l’international dans sa capacité à agréger un bon nombre de livreurs locaux. Nos partenaires transporteurs en France, dont certains pouvaient s’équiper de quelques lockers dans leurs agences par exemple, ont souhaité disposer pour leurs clients de points de livraison autres que des relais. Car malgré des vertus certaines, ces derniers présentent aussi des désavantages. » Les points relais baissent en effet souvent le rideau le soir entre 18 et 20h, mais aussi les dimanches et les jours fériés. Contrairement aux consignes, en grande majorité accessibles n’importe quand. Sans compter que les commerçants exerçant des activités de dépôt et retrait n’ont pas forcément vocation à rester des « relais » ad vitam aeternam. « La consigne nous sert notamment dans des zones sur lesquelles il devient extrêmement complexe de recruter des commerces de proximité, comme dans des villes très densément peuplées, mais aussi des gares, lieux exceptionnels de passages sur lesquels il est difficile d’installer un relai physique », ajoute Olivier Titeux.

« Les spots intéressants commencent déjà à être saturés »

Le directeur commercial de Pickup, en charge du développement des partenariats stratégiques de sa société, précise que la consigne, « avant tout complémentaire à notre réseau de points relais physiques », restera toujours minoritaire par rapport à ces derniers : « Transformer nos 17 000 points relais en tout autant de consignes prendrait un temps infini, image-t-il, sans compter les pharaoniques investissements nécessaires à un tel scénario. Cela serait aussi quasiment impossible car les spots intéressants commencent déjà à être saturés et pris par les différents opérateurs. La livraison hors domicile connaissant une hausse continue – entre 2019 et 2023, les flux traités par Pickup ont doublé, et nous avons enregistré une croissance de 25 % de notre activité entre 2023 et 2024 –, de plus en plus de points de contact seront de toute façon nécessaires. Mais la consigne ne saurait répondre seule aux besoins de maillage et de proximité. »