eCommerce
E-commerce : le fulgurant essor des consignes automatiques
6. Bluedistrib livre en consignes par véhicules électriques
Start-up rattachée à la division logistique du groupe Bolloré, Bluedistrib conçoit un service de livraison en consignes, comme par exemple dans les espaces d’abonnement Autolib‘, via des flottes de véhicules électriques. Présente pour l’instant sur l’Île-de-France, la filiale de Bolloré entend étendre le plus possible son réseau ouvert, aux vertus écologiques notables.
Par le biais de partenariats passés auprès d’e-commerçants et de commerces de proximité, Bluedistrib offre aux clients de ces derniers la possibilité de retirer leurs commandes dans des consignes disponibles 24/7. En pleine phase de développement, le réseau Bluedistrib se positionne sur les trajets domicile-travail. En juillet 2016, la start-up avait installé 13 machines, exclusivement dans des espaces Autolib’, sur Paris et à l’ouest de la capitale, en proche-banlieue. Elle cherche à l’avenir à s’implanter également dans des résidences, au pied de bâtiments d’entreprises et en voierie, notamment sur des parkings et des trottoirs, avec la volonté de proposer, à l’instar des stations Autolib’, des espaces de retraits autonomes au plus près des consommateurs. « Nous souhaitons en déployer 500 à 800 dans les prochaines années sur toute l’Île-de-France pour disposer d’un maillage important, indique Sandrine Ressayre, directrice marketing de Bluedistrib. Nous espérons que le succès de notre solution se confirmera et que nous retrouverons ce modèle sur d’autres métropoles françaises, mais également en Europe et dans le monde entier. »
Pour développer son modèle, la filiale du groupe Bolloré noue des partenariats avec des e-commerçants comme Cdiscount ou La Redoute, mais également avec des commerces de proximité. Les commerçants de quartier peuvent déposer des commandes en consignes et les clients les récupérer sans contrainte horaire. « Aller faire ses courses sur internet chez un commerçant de proximité, avec son PC ou sur un smartphone, est un nouvel usage qui est complètement à créer, poursuit Sandrine Ressayre. Beaucoup de solutions, de places de marché pour les commerçants de proximité existent depuis déjà quelques années. Elles ont cependant un peu de peine à démarrer du fait des problématiques de livraison : si l’on souhaite faire des livraisons à domicile, on rajoute un surcoût pour un panier moyen qui n’est déjà pas forcément élevé ; si l’on fait du retrait en magasin, il existe des contraintes de fermeture. Avec Bluedistrib, les commerçants vont pouvoir déposer la commande quand ils ferment le rideau le soir et les clients la récupérer 24/7. »
Des infrastructures partagées
Pour livrer ses consignes, la filiale du groupe Bolloré utilise des véhicules électriques dédiés, externes à la flotte Autolib‘ destinée aux particuliers. Afin de diminuer la congestion des voies de circulation en journée et de permettre un retrait des commandes passées le soir dès le lendemain à l’aube, les livreurs effectuent de nuit une première tournée de livraison, en transportant une majeure partie du flux e-commerce. À la mi-journée, un deuxième tour est organisé pour remplir une seconde fois les consignes, récupérer les commandes passées auprès des commerçants de proximité et livrer les pièces détachées des techniciens de maintenance du réseau Autolib‘. Ce dernier se veut le plus ouvert possible, dans une logique de logistique urbaine de partage, comme le développe Sandrine Ressayre : « Tous les moyens que nous mettons en place – consignes, voitures et plateforme – sont accessibles pour nos partenaires (transporteurs, techniciens de maintenance ou encore des artisans de pièces détachés). Une partie de nos véhicules est ainsi mise à disposition en libre-service. Nous ouvrons toutes nos infrastructures à des partenaires. »
Pour faciliter la communication à distance entre ces différents acteurs, mais également permettre aux éléments matériels de communiquer entre eux et de remonter de l’information, Bluedistrib a besoin d’un système d’information robuste, en mesure de supporter de multiples échanges émanant de sources éparses. Fort de son expérience dans la gestion synchronisée des messages EDI, l’entreprise Acsep, éditeur et cabinet de conseil spécialisé dans la supply chain digitale, a remporté un appel d’offres lancé par la filiale de Bolloré pour concevoir une solution logicielle sur-mesure. « En tant que start-up, nous avions besoin d’un partenaire avec un mode de fonctionnement agile », précise la directrice marketing de Bluedistrib‘. Acsep a conçu IzyBlue, une solution permettant d’assurer à la fois la préparation et le traitement des commandes et le suivi des livraisons, mais également de piloter la remontée en temps réel des ordres passés sur la plateforme Bluedistrib et sur les consignes. En complément, Acsep héberge et assure le maintien en conditions opérationnelles de la plateforme, pour garantir le service client.
Focus
Un marché naissant en France, mais prometteur
Techniquement complexes, les réseaux de consignes automatiques sécurisées nécessitent de lourds investissements, tant au niveau recherche et développement pour proposer le service adéquat à leur positionnement que pour assurer leur déploiement physique. Cependant, l’intérêt qu’ils suscitent auprès des acteurs du e-commerce, des commerçants de proximité, des distributeurs et surtout des utilisateurs, leur assure un développement rapide. Même si elles ont tardé à apparaître en France, l’augmentation du flux e-commerce et de la taille des colis ont favorisé l’émergence de ces solutions de proximité pratiques et accessibles. Les consignes se multiplient dès lors de manière exponentielle. En 2015, Packcity France et InPost se partageaient ce marché naissant. Depuis, d’autres acteurs de poids commencent à faire leur apparition. Un certain Amazon commence à installer quelques “lockers” dans des centres commerciaux français. L’entreprise pourrait naturellement avoir intérêt à proposer une alternative au click & collect pour ses flux propres. Discret comme à son habitude sur ses intentions, le géant américain restera-t-il en retrait ?