Entrepôts
2. Le drone en France Un facteur de développement
Interview de Stéphane Cadenet, directeur de projet du département logistique d'Hardis Group. La société grenobloise a déposé un brevet pour son drone inventoriste baptisé Eysesee, qui a notamment gagné le Prix "coup de cœur" de l'innovation logistique 2015.
Comment vous est venue l’idée du drone inventoriste ?
Je suis passionné d’aéronautisme et d’aéromodélisme. J’avais cette idée en tête depuis quelques temps mais l’aboutissement des technologies n’était pas encore assez fiable. Elles permettaient de faire voler des drones, mais pas de manière aussi aboutie qu’aujourd’hui en matière de sécurité et de stabilité. L’idée n’aurait pas été viable deux ou trois ans en arrière, personne n’aurait mis un hélicoptère télécommandé dans un entrepôt, étant donné le peu d’espace de vol.
Quel a été l’accueil de votre projet au sein d’Hardis Group ?
L’idée a surpris, mais j’ai ressenti une adhésion immédiate et sans faille. J’avais déjà parlé de ce projet à certains de mes clients qui ont aussi instantanément adhéré. Je pense que l’ensemble du secteur de la logistique ressentait le besoin de faire évoluer ce processus d’inventaire, qu’il y avait une recherche de solution, mais peu d’idées émergentes.
Où en êtes-vous dans la mise en place et quelles sont les perspectives ?
Nous avons commencé par déposer un brevet à l’INPI et avons acheté un drone pour mener les premières phases de tests en entrepôt. Aujourd’hui, nous travaillons sur les trois systèmes intégrés par le drone : d’une part la capacité de se mouvoir dans l’espace confiné qu’est l’indoor ; d’autre part l’acquisition de l’identifiant de ce que l’on doit inventorier, système sur lequel intervient notre plus-value d’éditeur ; et enfin, l’acquisition de la position des éléments que l’on est en train d’inventorier. Pour ce dernier point, le plus simple c’est l’image : si sur la même image on dispose de l’identifiant de l’élément et celui de sa position, on est capable d’associer les deux informations. Si jamais nous n’avons pas la deuxième information, il faut déterminer cette position par rapport à celle relative de l’appareil géolocalisé dans l’entrepôt.
Les domaines applicatifs des drones en outdoor sont nombreux car ils s’appuient sur les technologies GPS et satellites, mais ce n’est pas la même chose en indoor : entre l’espace confiné et les armatures métalliques, on ne reçoit pas de signaux GPS assez puissants et précis pour faire de la localisation en entrepôt. Il faut donc recréer un mini réseau via des balises dans le dépôt pour avoir une triangulation du drone par un système 3D, et il faut que le drone réceptionne le signal d’au moins trois balises en permanence. C’est notamment sur ce point que repose une bonne partie de la couche applicative de l’innovation. Nous sommes en pleine phase d’essai avec un objectif de développement pour la fin d’année.
Focus
Europadrone : premier salon du drone civil en France
Du 14 au 15 octobre 2015, les acteurs du marché du drone civil se rassembleront pour la première fois en France.
Les professionnels de ce secteur en plein développement se retrouveront à Lyon Eurexpo sur un espace de plus de 6 000 m² associant salon et conventions, et bénéficieront d’un espace de démonstration à proximité sur l’aérodrome de Lyon Bron.
Cette première édition permettra de découvrir les dernières nouveautés et applications du marché du drone civil dans de nombreux domaines (agriculture, loisirs, transport, médias…).
Selon les prévisions de la Fédération Professionnelle du Drone Civil - FPDC, le drone et ses applications pourraient créer 15 000 emplois en 5 ans sur le marché Français (agriculture, livraison, sécurité, architecture, exploration et sinistres, médias...).