Immobilier
2. Interview : Claude Samson, Président d'Afilog
En quoi le BIM impacte positivement le modèle économique des opérations ? Quelles parties prenantes en bénéficient ?
Le BIM rassemble tous les intervenants d’un projet de bâtiment. Son usage devient de plus en plus courant en logistique, y compris lors de l’intervention sur des bâtiments anciens. Le recours à la maquette numérique représente un investissement initial qui est, d’après l’expérience des membres d’Afilog, amplement compensé par des gains plus ou moins directement transposables monétairement :
• réduction du temps de développement du projet immobilier à travers des discussions techniques plus efficaces sur les besoins et la conception ;
• diminution des erreurs sur le chantier par un suivi en temps réel plus visuel ;
• enfin et surtout, en phase d’exploitation, suivi de la vie du bâtiment (consommations énergétiques…), repérage des dysfonctionnements (problèmes d’étanchéité thermique) et résolution rapide des problèmes.
Il est trop tôt pour chiffrer précisément les gains à une large échelle mais je suis persuadé que nous serons agréablement surpris.
Le BIM constitue un outil important pour la transition énergétique et écologique du bâtiment, soulignaient Franck Hovorka et Pierre Mit, auteurs d’un rapport paru en mars 2014, dans le cadre du Plan bâtiment durable. Est-ce vrai pour la logistique ?
De nombreux travaux ont été menés sur la performance environnementale du parc tertiaire et du parc d’habitation, en écho notamment au Plan bâtiment durable. Les enjeux sont de taille aussi sur le parc logistique. Afilog a de longue date oeuvré pour soutenir les efforts de ses membres, à travers, par exemple, la Charte pour l’efficacité énergétique ou bien la méthode d’enquête originale sur la performance énergétique des entrepôts. Le BIM permettra d’aller plus loin dans l’observation fine, poste par poste, des consommations énergétiques des plateformes et de cibler les actions de réduction. Le BIM peut renseigner aussi la qualité environnementale des matériaux et produits de construction ainsi que des analyses en cycle de vie.
La nouvelle directive européenne sur la passation des marchés publics, votée par le Parlement européen en 2014, encourage les États membres à recourir aux outils numériques comme le BIM dans la commande publique. Le gouvernement a publié le 27 mars 2016 au Journal Officiel le décret transposant ce texte dans la législation française. Afilog a-t-il fait le choix, comme l’État français, de l’incitation plutôt que de l’obligation ?
La France a fait le choix de l’incitation au BIM alors que d’autres pays comme la Norvège ou le Danemark ont préféré l’obligation. Peu à peu le BIM s’impose dans les processus de production immobilière. C’est le sens de l’histoire. Les bénéfices de l’outil vont au-delà de la tentation de « faire comme avant ». Je ne crois donc pas que la contrainte permette d’avancer plus vite, ni qu’il faille avancer plus vite que le rythme intrinsèque des acteurs économiques.
Isabelle Gazzola