Emploi/RH
6. Reconversion professionnelle : et pourquoi pas la supply chain ?
Nombre de Français se questionnent sur leur parcours professionnel. Besoin de donner du sens à leurs actions, de faire évoluer leur carrière ou tout simplement de retrouver un emploi dans un secteur dynamique, les raisons de ces évolutions sont multiples.
Selon une étude AFPA/Opinion Way datant de 2014, six actifs sur dix ont déjà expérimenté un changement d’orientation professionnelle. Parallèlement, 59 % des dirigeants déclaraient que leur entreprise avait déjà recruté une ou plusieurs personnes reconverties. 65 % d’entre eux percevaient d’ailleurs cette expérience comme un atout au travail. Une évolution qui n’a rien d’étonnant selon Jean Pralong, professeur et titulaire de la chaire « Intelligence RH & RSE » à l’IGS-RH : « Pendant très longtemps, il était convenu entre les salariés et les employeurs que le départ d’une entreprise était forcément une situation subie par l’un ou par l’autre. Un tournant s’est opéré dans les années 90, l’État a mis en place des dispositifs pour inciter fortement les salariés à prendre en charge leur carrière : bilan de compétences, mise en place du DIF et des CARIF [ndlr, Instances régionales chargées du pilotage des évolutions professionnelles, des besoins en formations et compétences à l’échelle des bassins d’emploi]. Tout cela a fini 20 ans plus tard par faire apparaître une incitation à la mobilité inter-métiers, à rendre acceptable ou souhaitable l’idée de se reconvertir. »
La reconversion, une politique de mobilité devenue réalité
Plus qu’acceptable, l’idée de vivre une reconversion ou a minima une transition professionnelle est désormais parfaitement admise et entrée dans les moeurs des actifs : « Les carrières linéaires sont révolues. Aujourd’hui lorsque l’individu arrive sur le marché du travail, il est amené à vivre un certain nombre de transitions professionnelles qui vont consister soit à changer de métier, d’entreprise et dans beaucoup de cas à passer par des périodes d’inactivité », introduit Anaïs Georgelin, co-fondatrice de SoManyWays, qui accompagne les individus et les entreprises dans leur rapport au travail. En cause ? Le besoin de comprendre la finalité de ses actions, de se sentir utile, d’agir de façon concrète : « Aujourd’hui, on attend du travail qu’il nous donne du sens alors qu’avant il s’agissait seulement d’argent et de reconnaissance, de position sociale. Cette tendance assez récente se traduit par un engouement pour les reconversions », poursuit Anaïs Georgelin. À cela s’ajoute également des éléments structurels : le chômage et l’encombrement du marché qui influent sur l’orientation des individus et les entraînent à s’adapter à ces contraintes. Ainsi, il n’est pas rare de voir aujourd’hui de plus en plus d’actifs s’orienter vers l’entreprenariat ou l’artisanat. D’autres, malgré son manque de notoriété, ont pourtant choisi de se tourner vers la supply chain, séduits par ses perspectives de développement avérées.
Vincent Mangin, 38 ans, responsable commercial chez Log's : « La plateforme au coeur de la satisfaction client. »
Le 6 novembre dernier, Vincent Mangin effectuait ses premiers pas chez le prestataire logistique Log’s comme responsable commercial. Issu du monde de l’IT, Vincent menait depuis plusieurs années une belle carrière à l’international : « J’avais créé ma propre structure, été country manager pour des sociétés hongkongaises, puis directeur marketing et ventes pour des entreprises européennes spécialisées dans l’IT… », détaille-t-il. Après toutes ces expériences, il ressent à présent l’envie de relever de nouveaux challenges. Tout au long de ses précédentes fonctions, Vincent a souvent été confronté à des problématiques supply chain : l’import de containers et la massification des flux. Il s’intéresse alors de plus en plus à l’aspect opérationnel du business. « Je voulais m’orienter vers une vente de services plus qu’une vente de biens de consommation, retrouver une satisfaction intellectuelle plus importante en me confrontant à un univers aux enjeux divers et complexes. La supply chain et la logistique font quotidiennement face aux problématiques opérationnelles de l’entreprise, c’est la plateforme au coeur de la satisfaction client. »
Il rencontre alors Franck Grimonprez, président de Log’s. Enthousiasmé par sa vision et les projets en cours, il rejoint l’équipe commerciale : Il apprend, suit les équipes, visite des sites de production… « J’ai découvert un métier, je développe de nouvelles compétences et je suis plus que satisfait par le périmètre d’actions potentiel. » Résultat, après six mois chez Log’s, aucune ombre au tableau pour Vincent Mangin : « C’est une continuité dans mon chemin, j’approfondis mes connaissances et ne renie en aucun cas mon parcours. Il me sert tous les jours pour avancer et comprendre les enjeux de la supply chain et être force de proposition dans le cadre d’un accompagnement toujours plus proche de nos partenaires », conclut-il.
Julien Defer, 34 ans, responsable transport et logistique chez Alice's Garden : « Un métier fascinant. »
Démarrer sa carrière professionnelle dans un secteur qui tend à disparaître n’est pas forcément ce qu’il y a de plus sécurisant lorsqu’on a 17 ans. C’est pourtant ce qui est arrivé à Julien Defer, 17 ans en arrière justement. Alors adolescent, il trouve, non sans mal, une orientation qui lui convient : la télédistribution et l’installation d’antennes hertziennes pour les collectivités. Lorsqu’il démarre, à Lille, l’activité est florissante. Julien s’épanouit et croit sa carrière toute tracée. C’est compter sans l’arrivée de l’ADSL, de la fibre optique, qui précipite sa société vers la faillite. « C’était un petit rêve mort dans l’oeuf. J’ai dû repartir de zéro à 22 ans. Je n’avais pas envie de faire du marketing ou du commerce comme tout le monde, mais j’ai fini par m’y réorienter pour ne pas rester inactif », raconte Julien. Après une VAE (Validation des acquis de l’expérience) en BTS commerce, il effectue de la gestion relation client pour Castorama et travaille successivement dans la téléphonie mobile, puis comme responsable de magasin pour une enseigne spécialisée en matériel de sport.
Puis, en 2013, Julien intègre finalement Alice’s Garden, pureplayer spécialisé dans l’équipement de l’extérieur, en tant que responsable du service clientèle. Au cours de sa première année, la nécessité de créer un pôle dédié à la gestion de la logistique et du transport apparaît : « Le poste de responsable transport et logistique m’a été proposé en 2014. J’avais envie de m’éloigner de la relation client qui est un métier sédentaire pour découvrir une nouvelle facette du e-commerce », explique Julien. « Les quelques échanges sur la question avec nos partenaires me laissaient entrevoir un aspect du métier qui m’était complètement étranger et pourtant vital pour la pérennité de notre société ». Nouvelles technologies, gestion multitâche, évolution continue du secteur sont parmi les attraits de la supply chain qui ont immédiatement séduit Julien. « Il m’a fallu une bonne année pour combler mes lacunes et mesurer les enjeux du secteur. Mais j’ai découvert des process, un marché, un vocabulaire… un métier fascinant. Je suis totalement épanoui et serein quant à mon avenir dans ce secteur d’activité. »
LMdV