Transport
2. [Interview] Fabrice Chiffoleau, président d'Atlantique Boissons Nantes
Porté par le distributeur Atlantique Boissons, le concept de Barge Zéro, lauréat de l’appel à projets Flux au printemps dernier, repose sur une organisation logistique inédite : une barge électro-solaire qui embarquera des marchandises jusqu’au coeur de Nantes avant leur livraison en centre-ville via des véhicules propres.
Pouvez-vous présenter l’activité logistique d’Atlantique Boissons ?
Nous sommes distributeurs de boissons et effectuons de la livraison du dernier kilomètre pour différents points de ventes (cafés, hôtels, restaurants et collectivités), dont 80 % sont situés sur la zone urbaine de Nantes. Nous gérons des tournées journalières pour des clients allant des salles de spectacles aux bars-brasseries. Nous nous appuyons pour cela sur une flotte d’une vingtaine de camions petits porteurs de 7 tonnes.
D’où vient l’idée de lancer ce projet de livraison par voie fluviale en centre-ville ?
Face aux nouvelles réglementations concernant les livraisons en centre-ville (avec des horaires plus limités pour les véhicules diesel par exemple), nous devions faire évoluer notre flotte. Mais plutôt que de se contenter de passer à des camions électriques, nous avons décidé de repenser complètement nos flux. Notre projet est un schéma logistique complet, un concept qui nous fait remettre en question toutes les étapes entre la préparation de commandes et la livraison chez nos clients. Des mini-conteneurs sur roues seront acheminés par barge jusque dans le centre-ville de Nantes via l’Erdre et la Loire. Une fois au coeur de la ville, cette barge nous servira de point de stockage pour de la livraison du dernier kilomètre via des véhicules électriques propres. Un tel système permettra des livraisons propres sur des plages horaires plus larges afin de répondre à de nouvelles demandes clients. Nous réfléchissons également à l’ouverture de ce concept vers d’autres acteurs qui seraient intéressés par ce type de transport.
Pourquoi avoir décidé d’utiliser une barge électro-solaire ?
Pour pousser les curseurs au maximum. Aujourd’hui, la technologie est là et la métropole de Nantes accueille des bureaux d’études experts sur le sujet. Les tests et pilotes effectués au cours du développement nous permettront de savoir si le tout solaire est possible ou s’il faudra également des batteries chargées en amont avant le transport. Nous discutons avec la ville pour trouver des points de chargement et déchargement et nous avons déjà localisés quelques espaces. Certaines contraintes naturelles comme la marée complexifient la mise à bord des marchandises, mais la Métropole bénéficie encore d’infrastructures datant des années 50, quand le fleuve était beaucoup plus utilisé, et qui peuvent être adaptées à nos besoins.
Quelles seront les prochaines étapes du projet ?
Nous allons d’abord valider le modèle de mini-conteneur en le mettant en circulation dans Nantes, avec l’aide d’un véhicule propre au GNV que nous venons d’acquérir. Dès que ce conteneur sera validé, nous nous baserons sur son format pour dimensionner la barge avec l’aide d’un bureau d’études. Nous estimons pouvoir faire les premiers tests complets de cette nouvelle organisation logistique d’ici 2021.