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DS Smith
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Packaging et écologie : vers l'avènement d'un emballage durable
Face aux pressions des consommateurs, des pouvoirs publics et des médias, l’emballage de demain doit plus que jamais mettre en avant son caractère durable. Les professionnels du secteur travaillent à l’élaboration d’un packaging alliant conscience environnementale et avancées technologiques au sein d’un flux logistique optimisé.
1. Packaging et écologie : vers l'avènement d'un emballage durable
Lancé le 21 février 2019 par 13 entreprises et deux ONG, le Pacte national des emballages plastiques vise 60 % d’emballages réutilisables, recyclables ou compostables en 2022, pour atteindre 100 % en 2025, et demande à ses signataires d’utiliser au minimum 30 % de plastiques recyclés dans leurs conditionnements. Une initiative suivie par l’adoption en mars 2019 de la directive européenne interdisant l’usage et limitant la mise sur le marché de certains produits en plastique à partir de 2021. Une pression environnementale et réglementaire autour de ce matériau et plus largement du packaging qui vient impacter et faire bouger les lignes du secteur. La tendance n’est pas forcément nouvelle – dès 1994, la directive européenne relative aux emballages et aux déchets d’emballages venait régir l’usage du plastique pour protéger l’environnement – mais ne cesse de prendre de l’ampleur. Jusqu’à aboutir aujourd’hui à une tendance « plastique bashing » de la part de consommateurs soucieux de préserver l’environnement et désireux de recyclabilité. Des doléances qui viennent cohabiter avec celles des autres parties prenantes du circuit, explique Armand Chaigne, directeur marketing France de l’entreprise d’emballage DS Smith : « L’ensemble des acteurs de la supply chain attend des solutions : les consommateurs, portés par une sensibilisation au travers des médias et des pouvoirs publics ; les distributeurs qui cherchent à diminuer les emballages plastiques dans leurs rayonnages ; et également les pouvoirs publics. In fine, les industriels font face à cette demande pressante et croissante pour développer des solutions d’emballages durables, sans plastique comme le carton, et se tournent donc vers nous pour les accompagner. Ils sont néanmoins confrontés à une double problématique : ils ne trouvent pas, à date, de solutions “clefs en main” et ont généralement réalisé de gros investissements dans des machines de conditionnement pour plastique. Il est donc complexe d’adapter ou de remplacer rapidement et avec un coût limité ces machines pour de l’emballage carton. DS Smith travaille au quotidien pour identifier des solutions adéquates. Cela passe notamment par de l’innovation, voire de la recherche incrémentale ».
Chez le spécialiste mondial des systèmes intralogistiques Beumer qui propose notamment des solutions automatisées pour l’emballage, la dimension environnementale entre dans une stratégie assurant au client de demeurer compétitif : « Le groupe Beumer s'est engagé à évaluer ses produits de manière globale aux niveaux de l'économie, de l'écologie et de la responsabilité sociale. Généralement, le coût total de possession constitue le principal objectif des activités de l’entreprise, ce qui définit la durabilité d’un point de vue économique. Cependant, nous intégrons également des aspects écologiques et sociaux. Nous considérons le système dans son ensemble, pas seulement du point de vue des coûts. Par exemple, nous cherchons continuellement à réduire la consommation d'énergie et de ressources dans le cycle de production et dans l'utilisation de la machine ainsi que de réduire ses émissions au minimum », détaille Gregor Baumeister, responsable de la division systèmes de palettisation et d’emballage du groupe Beumer.
L’écologie en tête de gondole
Consommateurs, industriels, retailers relaient un ensemble d’exigences qu’il s’agit de combiner pour déterminer les grandes lignes de ce que sera l’emballage de demain. Influencé par les montées technologiques (IA) et les mutations sociétales (développement de la mobilité, vieillissement de la population), il sera en grande partie guidé par ce volant écologique, et par « l’épuisement des ressources de la planète », comme le soulignait la double enquête européenne lancée par All4Pack Paris 2018 : L’emballage à l’aube de sa révolution. « Aujourd’hui, les industriels cherchent à se différencier de la concurrence ainsi qu’à optimiser les solutions d’emballage. Et en arrière-plan, ce qui est primordial, c’est de considérer cet aspect environnemental et de l’adapter aux solutions de packaging, tout en conservant leur croissance. Les sociétés souhaitent montrer que des efforts sont réalisés sur le sujet et que cette dimension est bien prise en compte dans les futurs développements de produits », observe Christophe Fournel, en charge du développement de l’Esepac (École supérieure de packaging) à l’international. En ce sens, les industriels et e-commerçants multiplient les annonces : Zalando vient de s’engager à remplacer complétement ses matériaux d’emballage par des matières respectueuses de l’environnement et 100 % recyclées d’ici 2020, tandis que Lidl a indiqué sa volonté d’avoir 100 % d’emballages en cellulose recyclée et/ou certifiée FSC sur son assortiment d’ici 2020. « Aujourd’hui, l’emballage est montré du doigt. Il est évident que dans les années à venir, son image de marque doit être remise sur pied, juge Annette Freidinger, experte internationale et consultante pour le salon de l’emballage All4Pack. Il faut réaliser de l’éco-conception mais aussi tendre vers le zéro déchet, c’est-à-dire l’emballage que l’on n’aura pas généré parce que l’on aura un matériau 100 % recyclable, en utilisant également de plus en plus de matériaux d’origine naturelle et renouvelable ».
Il est question d’analyser le cycle de vie de cet emballage dans son ensemble. Des réflexions complexes qui vont par ailleurs venir « peser sur la logistique de demain », selon Annette Freidinger. Ainsi, les critères écologiques, qui n’étaient pas prépondérants dans les choix stratégiques des entreprises, émergent véritablement. « On entend de plus en plus parler d’achat responsable et on nous demande de nous justifier sur l’aspect développement durable de nos solutions. Chacun de nos emballages est aujourd’hui considéré sous l’aspect environnemental », corrobore Gérard Mathieu, directeur marketing et innovation pour le fournisseur mondial d’emballage Smurfit Kappa qui a lancé en septembre 2018, la démarche Better Planet Packaging pour développer des actions en ce sens (nouvelles solutions, collaboration, sensibilisation…). Une tendance durable qui vient influencer les innovations du secteur en réduisant notamment l’impact de l’emballage sur l’environnement à travers la matière employée. « À chaque matériau supplémentaire utilisé pour constituer un emballage correspond un flux logistique générant des coûts et un impact pour l’environnement. Travailler sur l’écoconception, faire de l’emballage en mono-matériau ou encore associer le bouchon au corps du produit constituent des moyens de diminuer les flux logistiques », rappelle Fabrice Peltier, designer consultant en éco-conception. « Aujourd’hui, l’écologie drive les innovations dans le domaine de l’emballage à travers des solutions de plastiques recyclés, biodégradables ou encore fabriqués à base d’amidon de maïs, poursuit Brice Kapelusz, directeur général de Cenpac, expert en solutions d’emballages (filiale du groupe Raja, spécialiste européen de la vente à distance de produits d'emballage). Nous venons de lancer une gamme d’emballages alimentaires venue remplacer le plastique non biodégradable ». Une culture tournée vers le développement durable ayant notamment amené le groupe à développer, en plus de l’adhésif et du cerclage en papier, des films rétractables deux fois moins consommateurs de matière et des solutions de boîtage polyvalent permettant de mieux s’adapter au volume du produit transporté.
Diminuer l’impact environnemental
Des évolutions allant dans le sens de ce que propose Neopost, fabricant de la CVP-500, une solution d’emballage sur mesure : « Nous avons axé notre développement sur la diminution de l’empreinte carbone avec des solutions dont l’objectif est de réduire la dimension des colis. Aujourd’hui beaucoup d’emballages ne sont malheureusement pas adaptés pour des raisons de productivité, avec, la plupart du temps, une barquetteuse en début de processus, puis le flux classique d’injection des produits et une dépose de coiffe en fin de ligne. Dans le meilleur des cas, une réduction de hauteur est faite, par pliage, mais cela ne permet pas de réduire au mieux l’emballage. Nous proposons une solution capable de mesurer les trois dimensions du ou des produits et d’avoir un emballage qui colle au maximum à celles-ci », explique Fernando de Almeida, business development manager chez Neopost. Une solution d’optimisation visant à traquer le vide dans les colis e-commerce, capable de réduire les volumes de 30 à 50 % et ainsi diminuer l’impact environnemental en termes de transport.
Chez Raja et Cenpac également, l’heure est à la réduction de la taille des emballages : « Depuis quelques années, grâce au e-commerce, nous conseillons nos clients sur des emballages plus en rapport avec le volume des produits à expédier ainsi que sur des calages en papier beaucoup plus écologiques, remplaçant avantageusement le particulaire en polystyrène », explique Brice Kapelusz. Face à la sensibilité environnementale grandissante de ses clients, le groupe Raja s’estime responsable, en tant que spécialiste du marché, de les orienter vers des solutions alternatives et surtout de les conseiller sur des critères économiques : « Certaines de ces solutions écologiques paraissent plus chères de prime abord mais si l’on observe la chaîne complète du traitement de l’emballage, y compris les filières de retraitement de ses déchets, on s’aperçoit que l’équilibre économique peut être différent », détaille Anthony Saussaye, directeur logistique du groupe Raja en France.
Pour Euro Pool System dont le coeur de métier consiste à proposer des services logistiques d’emballages plastiques réutilisables, le développement durable fait partie intégrante de la philosophie de l’entreprise. « Notre modèle économique est basé sur une économie circulaire depuis plus de 25 ans. Avec une durée de vie d’une dizaine d’années en moyenne, nos bacs plastiques sont très résistants, hygiéniques et 100 % recyclables en fin de vie. Nous travaillons constamment sur la réduction de l’impact CO2 avec des organismes indépendants dont les études prouvent par exemple que les emballages réutilisables pour fruits et légumes génèrent 60 % d'émissions de CO2 de moins que ceux en carton », explique Patrice Jorge, directeur France d’Euro Pool System. Dans cette mouvance, fin 2018, l’entreprise a annoncé sa volonté de réduire ses émissions de CO2 de 20 % d’ici 2025 : « Cet objectif recoupe plusieurs axes : diminuer le nombre de kilomètres parcourus via une meilleure exploitation des flux logistiques existants, ou développer une nouvelle gamme de bacs plus fins à fonctionnalité identique permettant d’en transporter davantage dans un camion ».
Des mutations technologiques
Hiérarchiser les paramètres de conception de l’emballage de demain tendrait ainsi à y placer les considérations écologiques en tête de liste. Néanmoins, elles ne doivent pas faire oublier les évolutions technologiques qui les accompagnent. « L’emballage connecté et intelligent est un moyen de répondre à la problématique environnementale et se présente comme un outil d’amélioration de la distribution, juge Annette Freidinger. Avec l’avènement de l’e-commerce et du m-commerce qui conduisent à une mutation de la logistique, le smart packaging permet de satisfaire à plus de sécurité en termes de traçabilité ». Cet emballage connecté, grâce à un QR Code ou une puce NFC, doit permettre de connaître l’origine du produit, par qui il a été réalisé, s’il se trouve au bon endroit ou s’il ne s’agit pas d’une contrefaçon. Intelligent, il complète les informations données sur l’étiquette, par exemple avec les données de conservation. « Maîtriser les risques et le juste à temps, cela signifie être capable de dire où est mon produit et savoir ce qui est en train de lui arriver. On peut ainsi imaginer un emballage de transport équipé de capteurs permettant de retracer son parcours, s’il a reçu des chocs, gagné en température, en hygrométrie… voire même de fournir un enregistrement du trajet suivi », corrobore Gérard Mathieu chez Smurfit Kappa.
Il est également question de traçabilité chez DS Smith qui combine aspects environnementaux et technologiques pour offrir un conditionnement unique : « Lorsqu’on parle de packaging connecté pour déterminer son origine, cela signifie qu’il doit y avoir un QR Code différent par emballage plutôt que par commande. Nous travaillons sur ce sujet auquel nous croyons beaucoup, notamment dans les domaines de la chimie et de la pharmacie, pour lutter contre la contrefaçon. Nous réfléchissons également à l’intégration sur nos packagings de codes-barres invisibles à l’oeil nu… », indique Armand Chaigne. Un QR Code unique permettant ainsi d’offrir une traçabilité complète sur le produit entre les mains du consommateur mais également de l’industriel. Chez les concepteurs de machines d’emballages aussi, la technologie n’est pas en reste, comme l’illustre la société Neopost, capable de proposer dès la création du colis des étiquettes permettant d’avoir des informations RFID sur la CVP, ou sous forme de tags embarqués : « Le tag passif des étiquettes ne comporte pas de batterie mais détient un identifiant unique contenant des informations tandis que le tag actif comporte une batterie alimentée à laquelle peuvent être couplés des capteurs de vibration, de température par exemple », explique Fernando de Almeida. Du côté d’Euro Pool System, on vient optimiser la traçabilité des bacs avec l’utilisation de puces RFID en complément des caméras « pour pouvoir lire les bacs de façon automatisée et optimiser la gestion des stocks », explique Patrice Jorge. Intelligent, connecté, responsable… L’emballage de demain sera une combinaison de ces différents qualificatifs : « Dans les cinq ans, il risque d’y avoir une vraie évolution du côté des emballages connectés, qui devrait également permettre davantage de personnalisation. Le défi consiste à proposer des solutions avec un vrai sens écologique pour se différencier », termine Christophe Fournel.