Portrait
Face à face avec Thomas Mortier, CEO de Staci
Elle fait partie des références françaises en matière de logistique de détail BtoB, puis BtoC, pour les entreprises désireuses d’externaliser leurs opérations d’approvisionnement. L’entreprise Staci poursuit sa croissance internationale, quelques mois après l’acquisition de la société MDA, au Royaume-Uni.
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Staci
En 2018, comment se porte Staci en France et à l’étranger ?
Globalement, très bien. Après un début d’année plutôt morose au niveau européen, assez perturbé par les intempéries – épisodes neigeux, inondations, grèves –, les volumes d’activité ont bien augmenté sur les mois de mars et avril. Ils sont restés forts sur mai et juin. Nous avons ressenti un effet Coupe du monde de foot qui booste les volumes d’activité de façon significative, notamment sur les produits promotionnels dont nous avons la gestion. Finalement, nous avons enregistré fin mai une croissance du chiffre d’affaires de 36 % par rapport à 2017 et devrions atteindre environ 220 millions d’euros en 2018.
Depuis 2009, Staci enregistre près de 15 % de croissance chaque année, comment expliquez-vous ces bons résultats ?
La recette est assez simple, elle repose sur les fondamentaux que sont les Hommes, la technologie, la stratégie et l’innovation. Dans un métier de services, une équipe soudée et motivée, en partie associée au capital et qui délivre un service de qualité à ses clients, est cruciale. Malgré la forte croissance enregistrée depuis 20 ans, nous avons su maintenir un management de proximité. Parallèlement, nous avons toujours soutenu nos investissements notamment dans l’informatique et les mécanisations. Nous continuons à investir plus de sept millions d’euros par an dans notre système informatique propriétaire (WMS, TMS, catalogue électronique), l’idée étant d’anticiper les besoins du marché au lieu de les subir. De plus, nous partageons avec tout le management une stratégie claire et restons dans notre coeur de métier. Nous n’opérons pas de diversification horizontale et déployons nos savoir-faire dans tous les pays d’Europe pour le compte de nos clients qui apprécient de plus en plus la duplication des best-practices. Enfin, nos innovations via nos services à valeur ajoutée tels que le financement des stocks, les plateformes web ou nos call center, nous démarquent du marché.
Quelles tendances majeures constatez-vous dans votre secteur ?
Nous observons une consolidation importante du marché européen, voire mondial, de la logistique. Les investissements élevés et les attentes des clients de plus en plus fortes en matière de technologie, de tracking et « d’immédiateté » imposent au marché de se réorganiser afin d’être plus performant.
On parle beaucoup de nouvelles technologies et d’innovation digitale dans le monde de la logistique, comment vous positionnez-vous vis-à-vis de ces sujets ?
Staci investit depuis toujours dans les nouvelles technologies. Nous sommes partis d’un outil de commandes très simple développé il y a une quinzaine d’années, pour arriver aujourd’hui à une plateforme qui ne compte pas moins de 500 boutiques e-commerce BtoB ou BtoC – les E-CAT’s – et plus de 500 000 points de vente connectés. Nous mettons en ligne pour nos clients des outils responsive design aux couleurs de leur marque grâce à une équipe dédiée qui produit chaque jour de nouveaux sites internet de commandes, de tracking… Nous ouvrons ainsi une nouvelle boutique par semaine. À chaque fois que l’un de nos clients nous sollicite pour de nouveaux besoins, nous les développons et cela sert toute notre communauté. La mutualisation est véritablement inscrite dans nos gènes, des équipes aux SI en passant par les process.
Quels sont les secteurs les plus porteurs pour l’entreprise en France ?
Nous avons eu la chance d’accueillir de nombreux nouveaux clients dans des univers aussi variés que le jouet, la puériculture, le petit électroménager, les cigarettes électroniques, les logiciels de gestion, les leds, etc. Notre savoir-faire est tout à fait adapté à servir une combinaison d’anciens et de nouveaux circuits de livraison (BtoB, BtoC, BtoBtoC) et notre flexibilité opérationnelle et tarifaire répond à la saisonnalité et l’irrégularité des flux de nos clients. En France, les secteurs qui tirent particulièrement sont notamment la téléphonie mobile pour laquelle nous gérons les équipements réseaux, puis le retail et la GMS qui organisent de plus en plus de campagnes de promotion.
Actuellement, quels sont vos axes majeurs de développement ?
Nous avons l’ambition de devenir le leader européen de la logistique de picking. Pour y parvenir, nous souhaitons poursuivre notre croissance organique en gagnant de nouveaux marchés dans la gestion de produits core-business. Historiquement, Staci gérait plutôt des produits non-marchands (marketing et promotionnel) mais nos clients nous ont poussés à développer notre offre. Aujourd’hui, 50 % de notre chiffre d’affaires se fait grâce à la gestion de produits marchands. Parallèlement, nous entendons accélérer le développement de nos implantations européennes par le gain de parts de marché et l’acquisition de sociétés dans les pays frontaliers. Enfin, nous allons faire migrer la plateforme internet E-CAT’s en place de marché permettant d’offrir une gamme plus large de services.
Vous disposez de 25 sites en Europe mais quelles sont pour vous les zones géographiques les plus porteuses ?
La zone sud de l’Europe est particulièrement performante, notamment nos filiales italienne et espagnole qui enregistrent des croissances respectives de + 35 % et + 32 % entre 2016 et 2018. Les autres filiales plus récemment ouvertes en Allemagne, Pays-Bas et Belgique sont en bonne voie d’accélération.
La France reste-t-elle une zone de développement majeure ? Pourquoi ?
Oui bien sûr, tout d’abord parce que Staci est plus connue en France que dans le reste de l’Europe mais aussi parce qu’elle est notre pays d’origine où nous disposons du plus grand nombre d’entrepôts et de salariés. De plus, l’élargissement de notre champ d’action dans la gestion de produits marchands connaît un franc succès avec de nombreux nouveaux business gagnés ces deux dernières années.
Envisagez-vous de la croissance externe ?
Oui, depuis notre changement d’actionnaires mi-2017 et l’arrivée de Cobepa ainsi que la Société Générale dans notre capital, nous avons déjà réalisé une acquisition significative au Royaume-Uni et avons actuellement de nombreuses négociations en cours en Allemagne, Belgique, Italie et Espagne.
Finalement, quels sont vos objectifs et vos perspectives pour 2019 ?
Nous pensons que nous dépasserons les 250 millions d’euros de chiffre d’affaires et n’excluons pas une implantation de Staci au-delà de la zone euro. Je peux simplement vous confier que je me suis déplacé en Russie, en Turquie et aux États-Unis…