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et logistique

Portrait

Paul Klebinder, directeur général de DDS Logistics : le sens du rythme

Hochements de tête, baguettes qui claquent et tempo qui s’accélère. Aux sons des fûts de sa batterie, Paul Klebinder, directeur général de DDS Logistics, donne le rythme. Son crédo ? Maîtriser le temps et prendre des décisions au moment opportun, quel que soit l’environnement dans lequel il évolue : salle de concert, de marché ou supply chain de transport international.

Publié le 17 octobre 2019 - 14h30
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DDS Logistics

Musicien, batteur amateur mais émérite, Paul Klebinder est aussi et surtout dirigeant dans l’âme. Cet agronome de formation, Toulousain d’origine, diplômé d’Agro Toulouse et de l’École centrale de Paris en management des risques, s’est forgé, tout au long de son parcours, une solide expérience : « Ma formation d’agronome m’a permis de ne pas avoir une approche cartésienne du monde et m’a donné les capacités à prendre des décisions dans des environnements incertains », analyse-t-il. Après un stage, un service militaire chez les Pompiers de Paris dans le traitement des risques, Paul Klebinder démarre ainsi son premier job dans la capitale, dans la cartographie numérique. Trois ans plus tard, il intègre finalement une filiale du groupe France Télécom. « Le groupe avait une grande ambition : devenir mondial et démarrer le mobile qui n’existait pas encore à l’époque. Ce fut une expérience palpitante, j’avais moins de 30 ans, je passais par quatre pays différents chaque semaine, tout en commençant à encadrer des collaborateurs », se souvient Paul Klebinder. Au même moment, France Télécom rachète Orange.

 

Au bout de quatre ans, le mobile a envahi la planète et la raison d’être de la filiale disparaît. On propose alors à Paul d’être réintégré au sein du groupe mais il refuse : « En 2001, je suis parti avec quatre collaborateurs créer ma propre entreprise. C’était une aventure humaine incroyable. Nous avons démarré avec nos fonds propres, sur un marché de niche extrêmement actif ». Et c’est en donnant naissance à Galigeo, société spécialisée en services géo-décisionnels, que Paul Klebinder se découvre dirigeant. Devenu PDG, il apprend la comptabilité, la finance, le juridique mais aussi les fins de mois difficiles. La société fonctionne bien, mais trois ans et trois enfants plus tard, les difficultés demeurent et les coactionnaires divergent sur la façon de faire évoluer l’entreprise : « Je réalise que cette société est mon quatrième enfant, au détriment des trois autres. Je décide donc de laisser les rênes, tout en restant actionnaire. C’est aussi à ce moment-là que France Télécom me recontacte… », évoque Paul Klebinder.

 

Chef de file

En 2004, il réintègre donc le groupe Orange pour prendre la direction du compte Suez. Il hisse son client, devenu GDF Suez, parmi le top 3 des grands comptes de l’entreprise : « Comprendre ce que les clients font de nos technologies et découvrir leurs métiers m’a passionné. J’y suis resté 10 ans et j’ai beaucoup appris du business, des hommes et des femmes », affirme-t-il. À cette époque, chaque semaine, lors des réunions regroupant les responsables des 10 plus grands comptes de l’entreprise, Paul côtoie régulièrement François Delaunay, alors dédié au compte BNP Paribas. Cette rencontre professionnelle, anodine aux premiers abords, comptera pourtant dans la vie du directeur général de DDS Logistics. En 2015, François Delaunay, devenu directeur des ventes et membre du comité de direction d’Etrali, spécialisée dans les solutions de communication pour le trading, contacte Paul. « J’avais besoin d’un patron pour la France, j’ai fait appel à Paul, il était à mes yeux un excellent candidat. Il a été recruté et nous avons par la suite noué des liens professionnels puis autour de la musique. Je suis guitariste, il avait été batteur dans sa jeunesse, nous avons monté un groupe ensemble grâce auquel nous avons pu nous produire à de nombreuses reprises. De cette double relation est née une véritable amitié », raconte François Delaunay.

 

Directeur général France et Italie, Paul renoue alors avec la fonction de dirigeant et l’environnement international. « J’ai immédiatement accroché avec Paul grâce à son sens du business, son réel attachement et son respect pour tous, du manutentionnaire au cadre le plus expérimenté. Il a toujours su les respecter, les écouter et les rassurer. Cela est constitutif de sa carrière, Paul reste très souvent en bons termes avec les collaborateurs, même en période difficile », raconte Anne Chaumeret, anciennement DRH d’Etrali. Néanmoins, dans le trading, « un environnement virtuel », Paul se dit « très vite surpris du décalage entre la réalité des métiers de la spéculation et celle de l’économie réelle » et vit une expérience parfois compliquée : « J’ai appris à m’endurcir, nous avons vécu une fusion, un rachat, des plans sociaux… Cela m’a armé, j’ai dû être celui qui tranche mais qui en assume les conséquences », affirme-t-il. Ainsi, de l’agronomie aux télécoms, en passant par le trading et aujourd’hui le transport, ce sont la recherche de la juste équation entre business et respect de chacun ainsi que les confrontations humaines, positives ou négatives, qui l’animent. Dans sa vie privée, ces rapports humains se font en musique, chez lui ou sur scène face à son public. Et pour cela, il répète tous les dimanches dans la cave de son ami François. « Un jour en discutant avec François, nous évoquons Jérôme Bour, son ami, qui cherche à donner un nouvel élan à sa société, DDS Logistics. Il me propose de déjeuner avec lui. Je ne connaissais pas du tout le monde du transport et de la logistique, mais ses valeurs et son ambition de transformer l’entreprise au-delà de ce qu’il avait déjà construit, m’ont tout de suite plu. Quinze jours plus tard, je devenais son directeur général », révèle Paul Klebinder

 

Cohésion de groupe

Aujourd’hui, Jérôme le PDG et Paul le DG, se complètent et partagent un sens aigu de l’humain ainsi qu’une réelle volonté de construire. Ensemble, ils insufflent un changement de tempo, d’organisation. « Avec Jérôme, nous ne nous sommes pas fixés de route, seulement des étapes. C’est d’ailleurs un peu comme cela que je pense ma carrière. Je relève des challenges, j’affronte les moments difficiles et c’est là où j’ai peut-être le plus de talent : lorsque c’est compliqué, que ça tangue. Grâce à cela, j’ai appris à embarquer des gens dans une aventure », confie-t-il. Une aventure humaine, comme celle qu’il vit avec son groupe de musique pour parvenir à produire une ambiance qui procure de l’émotion, unit le public, mais de façon discrète, au fond, caché derrière sa batterie : « Ce n’est pas un instrument sous les feux de la rampe et c’est pourtant l’un de ceux qui structure le plus le morceau. Il en détermine le rythme, les mesures, les transitions. Cela correspond très bien à Paul qui ne se met pas naturellement en avant professionnellement, mais devient rapidement indispensable et déterminant auprès des clients, de ses équipes comme de ses partenaires. Où qu’il soit, il obtient l’assentiment de son public naturellement », conclut son ami François Delaunay.

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