Interview
Rencontre avec Nathalie Estrada, directrice RH de Cdiscount
Besoins en matière de recrutement, profils recherchés, stratégie de formation… Nathalie Estrada analyse les métiers en tension et anticipe les nouveaux emplois à créer chez l’e-commerçant français.
Sur quels métiers peinez-vous à recruter ?
Ils concernent notamment les profils de maintenance, que ce soit en région bordelaise ou parisienne. Ce sont des postes dont le contenu a évolué chez Cdiscount car ils deviennent plus techniques, en raison notamment de notre démarche d’innovation dans le domaine de la supply chain et de la mise en place très volontariste de nouvelles machines. Chez nous, ce sont des métiers très polyvalents et évolutifs qui s’adaptent à l’activité ainsi qu’aux installations robotiques ou d’emballage 3D visibles dans nos entrepôts… Nous ne sommes pas les seuls à recruter ces profils ce qui les rend en tension. Nous sommes également à la recherche de profils d’encadrement : des cadres en gestion de projets logistique et transport, qu’ils concernent les méthodes, les flux ou encore la mécanisation. Nous développons des relations très fortes avec de grandes écoles (ISLI, Centrale, Ponts et Chaussées) qui nous permettent de prendre en stage d’alternance ces profils et de les recruter ensuite en CDI.
Ces chefs de projets doivent également être dotés d’une forte connaissance SI…
Pour porter ces grands projets de la logistique et du transport, nos équipes sont en interface avec toutes les équipes des entrepôts, ce que nous appelons la logistique productive, ainsi qu’avec nos équipes informatiques puisque nous sommes une entreprise résolument technologique comptant plus de 800 ingénieurs et data scientists. Ces profils-là doivent donc, en plus d’intégrer des compétences informatiques, être capables de travailler avec les développeurs et les chefs de projet informatiques.
Des profils de plus en plus polyvalents donc, riches de compétences mais également de qualités…
C’est une réalité dans tous les métiers mais que je constate particulièrement dans le domaine du numérique : nous avons de plus en plus besoin, au-delà des compétences techniques fortes dans chaque domaine, de profils polyvalents. Nous sommes moins spécialisés en silo qu’il y a quelques années et la transversalité est nécessaire, les grands projets conduisant à interfacer des métiers différents. Lorsque nos équipes projets mettent en place de nouvelles machines et de nouveaux process, les équipes maintenance, tout comme nos agents logistiques, sont embarqués dans ces projets d’innovation dès le départ puisqu’ils en sont parties prenantes.
Pensez-vous que de nouveaux métiers vont voir le jour en logistique ?
Entre la maintenance d’il y a dix ans et celle d’aujourd’hui, les compétences attendues ont évolué. Les métiers se déplacent, se professionnalisent, deviennent beaucoup plus techniques, portés sur les nouvelles technologies. Plus que de nouveaux métiers, nous allons plutôt assister aux évolutions de ceux existants : les métiers de nos agents en logistique changent, là aussi parce que les méthodes de travail en entrepôts et les outils mis à disposition évoluent.
Face à ces évolutions constantes, les formations sont-elles au diapason ?
Nous nous assurons chaque année d’avoir un plan de formation important sur des besoins fondamentaux (sujets d’habilitation, de Caces), mais aussi sur de l’accompagnement lié aux évolutions de nos métiers. L’an dernier, sur une filiale logistique qui compte 600 personnes, presque 400 salariés ont suivi une formation. Nous devons en permanence nous assurer de les accompagner, tant sur les évolutions technologiques que sur les attendus en termes de comportements. Nous nous assurons aussi de valoriser les compétences internes en proposant à nos agents logistiques de se porter candidat pour être chef d’équipe adjoint temporaire sur la fin d’année. La formation, l’accompagnement, l’évolution des compétences font partie intégrante de nos programmes. Sur la dominante informatique, nous avons ainsi développé des programmes comme la Masterclass où nous accompagnons des personnes en reconversion avec Pôle Emploi pour devenir développeur informatique. Cette année, nous avons décidé de l’ouvrir à des salariés agents logistiques qui souhaitaient faire évoluer leur métier.
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