Interview
Entretien avec Antoine Pottiez, directeur général de Mondial Relay
Porté par la croissance forte du e-commerce, Mondial Relay a réalisé un chiffre d'affaires de 454 millions d’euros en 2020, traitant 140 millions de colis en France et en Europe. Une dynamique sur laquelle l’entreprise souhaite s’appuyer pour continuer à élargir son réseau logistique et son maillage de points de retraits.
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Mondial Relay
Quel effet a eu la pandémie sur votre activité depuis un an ?
La pandémie a donné un coup d’accélérateur important sur les activités de notre écosystème. Là où nous projetions une croissance d’un point par an du taux de pénétration du e-commerce en France, nous avons connu une progression de trois points en 2020, sans parler de la forte augmentation des volumes. Avant la pandémie, nous avions lancé un plan de redimensionnement de nos sites, pour traiter plus de flux et accompagner la croissance de notre business. Cela nous a permis de garder un coup d’avance face aux évolutions du marché, et nous conforte aujourd’hui à poursuivre ces investissements.
Quels projets développez-vous pour répondre à votre croissance ?
Nous avons une enveloppe annuelle d’investissement située entre 10 et 20 millions d’euros. Celle-ci est divisée en deux typologies de projets : d’abord au niveau de l’infrastructure, avec le déploiement de sites nouveaux ou plus grands. Cela fût le cas récemment à Toulouse où nous avons ouvert une nouvelle plateforme deux fois plus grande pour répondre à nos besoins. Ensuite, au niveau des équipements, avec la mise en place de solutions mécanisées sur l’ensemble de nos sites. Cette année, nous allons faire sortir de terre un grand bâtiment mécanisé à Réau (77), qui représente à lui seul 12 millions d’euros et traitera 39 000 colis par heure. Il fera partie de notre réseau de hubs qui concentrent les flux pour les réexpédier sur notre organisation nationale et internationale, ce qui n’existait pas encore en l’Île-de-France. Le site de Réau accueillera également une agence régionale de distribution qui livrera des points relais sur son secteur. Et nous avons d’autres projets prévus : à Valence, à Caen, en Belgique ou en Espagne. Notre croissance passe également par des embauches. Chaque année nous recrutons entre 150 et 200 personnes, à tous les niveaux : manutention, support technique, chefs de projets, etc. Nous avons près de 2 200 collaborateurs en Europe actuellement.
Où en est votre développement européen ?
Nous sommes un acteur global sur le continent aujourd’hui, avec une activité en Belgique, au Luxembourg, ou en Espagne, ainsi qu’un partenariat fort avec Hermes Paket en Allemagne, en Autriche et en Grande-Bretagne. Nous allons lancer prochainement notre activité au Portugal et nous avons prévu également d’implanter nos services en Italie dans la foulée. Ce sont des lancements qui vont crescendo, car il y a des équipes à déployer, une organisation à mettre en place, et un réseau de points relais à recruter.
Vous visez 13 000 points relais d’ici la fin de l’année. Comment travaillez-vous à cet élargissement ?
Pour éviter la saturation du réseau, notre travail est de répartir la charge et de continuer à ouvrir de nouveaux relais, pour dimensionner l’outil par rapport aux volumes que nous avons à livrer. Atteindre 13 000 points relais est une nécessité face à la croissance et aux volumes que nous connaissons actuellement. Dans ce sens, nous souhaitons continuer à démontrer aux commerçants les bénéfices d’être point relais, avec plus de trafic dans leurs magasins. Nous accompagnons également les commerçants durant la crise sanitaire, et avons investi 4 millions d’euros pour les aider, sous forme de primes de soutien ou encore de commissions doublées en novembre 2020. Nous allons également agrandir notre maillage grâce à la mise en place prochaine de consignes automatiques.
Dans une étude que vous avez récemment publiée, 70 % des internautes interrogés considèrent la livraison en point de retrait comme le mode de livraison le plus respectueux de l’environnement. Pensez-vous que cet angle va prendre une importance croissante ?
Oui, je le crois. Notre mode de livraison permet de regrouper les colis, de créer des optimisations de moyens et donc d’économiser en CO2. Et cela concerne aussi le particulier, qui va souvent chercher ses colis sur le chemin de l’école ou du travail. Les émissions sont donc moindres même en additionnant les différentes étapes de la chaîne, et les consommateurs en sont conscients. Ensuite, le particulier fait ses arbitrages en fonction des coûts qui vont lui être imposés par le site marchand. En l’absence de différence entre la livraison à domicile et la livraison en point-relais, le consommateur préfèrera le confort de recevoir son colis dans sa boîte aux lettres. C’est à l’e-commerçant de mettre l’impulsion, en redonnant au consommateur la différence de prix qui existe entre les deux modes de livraison, ce qui mécaniquement fera pencher le consommateur vers la solution la moins chère et la plus respectueuse de la planète. Mais il est clair qu’il y a un vrai paradoxe entre les attentes environnementales des consommateurs et la demande d’une livraison à prix réduit. Du côté de notre organisation interne, nous cherchons des moyens pour diminuer notre empreinte carbone, via des véhicules dits propres. Cependant, pour la plupart des tournées, nous avons besoin de camions de 17 à 20 m3 qui vont rouler sur 150 à 200 km pour distribuer un grand nombre de points relais. Nous sommes donc principalement sur des motorisations thermiques, car l’offre électrique sur ce segment n’existe pas encore. De surcroit, en France, nous manquons souvent d’infrastructures pour la mise en place de flottes propres, avec un réseau de stations de rechargement électrique et d’avitaillement gaz/hydrogène encore très éparse. Cependant, nous avons déjà une flotte électrique pour livrer certains cœurs de ville.