Interview
Entretien avec Ariel Weil, directeur des opérations de QAD DynaSys
Après le rachat de QAD par Thoma Bravo début novembre, Ariel Weil, directeur des opérations de QAD DynaSys, expose les besoins en recrutement de l'éditeur, sa stratégie partenariale et les évolutions technologiques de sa solution de supply chain planning.
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QAD DynaSys
QAD a été acquis par Thoma Bravo en novembre dernier. Quelles sont les conséquences sur la stratégie de QAD DynaSys ?
Depuis 20 ans, nous avons vécu différents rachats. Cela a toujours été pour le bien de DynaSys et nous a apporté à chaque fois une bouffée d’oxygène. Cela n’a pas changé notre stratégie. Au contraire, cela a contribué à la renforcer au fur et à mesure et c’est dans cet état d’esprit que nous vivons ce rachat. C’est encore trop récent pour que je puisse donner beaucoup d’informations à ce sujet, mais Thoma Bravo connaît très bien le monde du logiciel. Il nous apporte donc énormément au niveau de la méthodologie, de la satisfaction client, ainsi que financièrement, car un produit comme le nôtre nécessite un investissement perpétuel au niveau des équipes.
Vous avez aujourd’hui besoin d’étoffer vos équipes, éprouvez-vous des difficultés à recruter ?
Oui, il est très difficile de recruter des experts de haut niveau et c’est pour cela que nous y passons beaucoup de temps, afin trouver des talents qui allient expertise métier et écoute client. Dans une entreprise mature, on doit être capable de s’entourer de jeunes que l’on fait évoluer. Nous avons monté un centre d’expertise à Barcelone il y a deux ans, où des personnes avec moins d’expérience sont coachées pour monter en compétences en quelques mois. Cependant, nous n’avons pas vocation à tout réaliser seuls. Si nous conservons des experts et des équipes sur la partie implémentation, il est important d’apprendre à travailler avec des partenaires. Notre stratégie sur ce sujet a beaucoup progressé ces dernières années, que ce soit avec des prescripteurs ou des intégrateurs, et nous procédons dernièrement au recrutement de revendeurs. Nous souhaitons avoir dans chaque région des partenaires forts : nous leur fournissons du business, ils nous font signer des affaires et se chargent d’implémenter nos solutions. Dans chaque pays, nous collaborons avec au maximum deux ou trois revendeurs, pour qu’ils puissent bien travailler, être experts de notre produit et investir dans les bonnes équipes.
Quelle est votre vision du marché après ces nombreux mois de turbulences dus à la crise sanitaire ?
Nous avons beaucoup progressé ces dernières années que ce soit au niveau du développement international, de l’ouverture aux partenariats, de la technologie, du produit ou de notre croissance. Le Covid a été dramatique pour le monde, mais a également permis aux entreprises de réaliser le besoin de planifier, d’être résilient, de rebondir très vite et donc d’anticiper les problèmes, de réaliser des scenarios et de réconcilier les finances avec la supply chain. Cette crise sans précédent a fait prendre conscience aux moyennes et grandes entreprises qu’elles seraient pénalisées sans outils de supply chain planning. Nous étions prêts sur tous ces sujets. Nous avons la chance d’avoir réécrit tout notre produit ces dernières années, afin d’aller dans le cloud et le full web, avec une expérience utilisateur différente, plus intuitive, avec notamment notre offre 2021.1 [nouvelle version de la solution DSCP (Digital Supply Chain Planning) de QAD DynaSys sortie en novembre]. Nous sortons tous les six mois une nouvelle version de notre solution qui répond aussi bien aux ETI qu’aux sociétés enregistrant plusieurs milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Comment avez-vous travaillé votre nouvelle offre sur la plateforme QAD DynaSys DSCP ?
En plus du travail sur l’expérience utilisateur, il y a trois points importants que nous voulions intégrer dans l’offre. Tout d’abord le Scenario Planning, c’est-à-dire la capacité à gérer différents scenarios et à les comparer en temps réel. Nous avons également anticipé en développant la partie finances : au mois de mars, nous avons sorti la première partie de notre solution Financial Planning permettant de connaître par exemple la valeur du revenu et de la marge pour chacun des scenarios. Grâce à l’intégration de certaines données en dehors de la supply chain (comme les délais de paiement des clients, des fournisseurs…), on est capables de connaître la marge par scenario, mais également le cashflow par exemple. Cela permet de prendre des décisions concertées entre la supply chain et les finances grâce à trois ou quatre scenarios que l’on peut comparer et dont on peut mesurer directement les impacts. Nous avons également complété la solution sur le côté collaboratif, afin d'aider à communiquer entre les différents intervenants décisionnaires. Nous avons donc imaginé une sorte de Facebook de la supply chain, avec un mur d’informations partagées. Toute cette interactivité permet de prendre les bonnes décisions malgré les turbulences actuelles.
Comment s’est portée l’activité de QAD DynaSys ces derniers mois ?
Nous avons réalisé de très nombreuses ventes avec de nouveaux clients sur les différents verticaux et dans les différents pays que couvre QAD DynaSys, soit directement, soit à travers ses partenaires. En Scandinavie, nous avons travaillé avec Huhtamaki spécialisé dans l’emballage, en Allemagne avec Steyr Automotive, et en Angleterre avec Sinclair Pharma ainsi qu’avec GKN dans le domaine de la transmission et Volta Trucks pour les camions électriques. Nous avons également vendu en France au grossiste-répartiteur pharmaceutique CERP Rhin Rhône Méditerranée, aux laboratoires Arkopharma, et dans le luxe à Longchamp ainsi qu’à la division Parfums et Cosmétiques du groupe LVMH, pour laquelle nous avons lancé des projets aux États-Unis ainsi qu’en Espagne. Dans ce dernier pays, nous avons également signé dans le secteur de la mode avec Loewe et au Canada, avec le distributeur d’ameublement Magnussen Home…
Quelles sont les évolutions technologiques à venir pour QAD DynaSys ?
Les réticences que nous pouvions entendre sur le cloud il y a quelques années en Europe n’ont plus cours car nos clients migrent naturellement vers le cloud. Cela s’est accéléré l’année dernière et toutes les nouvelles technologies que nous utilisons s’y intègrent. Nous avons d’autre part réécrit toute notre offre dans la version Web, et il nous manquait la partie Promotion Planning, offre encore intégrée à notre version Windows. Nous l’avions volontairement retardée car nous souhaitions prendre un peu de recul pour bien réfléchir sur les besoins de nos clients et nous avons travaillé durant deux ans pour sortir une offre reprenant les besoins métiers tout en étant simple à utiliser. Nous avons finalement annoncé le mois dernier, avec la version 2021.1, une solution complète de Promotion Planning intégrée à la partie prévision des ventes de Demand Planning. On visualise désormais de façon graphique sur une page toutes les informations liées aux promotions, mais aussi leur impact financier, permettant pour chaque promotion de connaître les quantités, mais aussi les bénéfices. Désormais, ça y est, toute notre offre est dans le web, et à partir de l’année prochaine, nos nouveaux clients vont aller non seulement dans le cloud mais aussi dans le cloud public, qui représente un pas de plus pour permettre davantage de flexibilité et d’agilité, en intégrant DSCP à l’écosystème global. Et pour couronner le tout nous avons revu complément notre offre Ready to Plan [dédiée aux industriels ainsi qu’aux entreprises du négoce et de la distribution spécialisée] pour en faire une offre beaucoup plus métier, et rapide à mettre en place, dont le configurateur métier permet d’intégrer les best practices, mais également d’évoluer vers des besoins plus particuliers, et tout cela en quelques semaines.