Portrait
Isabelle Cherrier, directrice générale de Fenwick-Linde : l'envie d'avancer
Du marketing à la direction générale en passant par les ressources humaines et le commerce, le parcours d’Isabelle Cherrier s’appuie sur un dénominateur commun : sa soif d’apprendre et d’aller toujours plus loin. Retour sur une carrière portée par la montée en compétences et l’engagement.
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Fenwick-Linde
Elle est née au pied de la Butte Montmartre. C’est dire si, dès sa naissance, Isabelle Cherrier était prédestinée à gravir les échelons. Élève studieuse et appliquée, issue d’une famille d’enseignants, elle acquiert vite le goût d’apprendre : « Lorsque j’étais jeune, j’ai commencé très tôt à ouvrir le dictionnaire, à aller chercher un mot, en savoir plus sur un pays. Une curiosité que l’on m’a inculquée et qui me met encore en mouvement aujourd’hui. Pour mes professeurs, j’étais celle qui posait tout haut les questions que les autres se posaient tout bas », entame Isabelle Cherrier, directrice générale de Fenwick-Linde. Cette curiosité la porte jusqu’en classe préparatoire à HEC puis en 1985 à l’Essec Business School sur le campus de Cergy-Pontoise (95). Trois années durant lesquelles, elle gagne en indépendance, s’investit dans la vie de l’école et s’engage auprès d’enfants en difficulté dans du soutien scolaire : « Cela a réveillé des valeurs d’humanisme qui me tiennent à cœur depuis », souligne-t-elle. Cet engagement la suivra effectivement toute sa vie, auprès des enfants d’abord, dans ses fonctions de DRH plus tard et depuis plus de vingt ans autour de la question du handicap. « En 1993, mon mari a subi un très grave accident de moto qui l’a laissé handicapé. Il y a donc eu un avant et un après dans notre vie familiale. J’ai beaucoup travaillé ma capacité de résilience, réfléchi à comment avancer autrement. Cela est passé par le fait de donner un peu plus de sens à ce que je faisais au quotidien, en apportant de l’aide à des associations dédiées », confie Isabelle Cherrier.
La quarantaine humaine
L’engagement envers les autres ira d’ailleurs encore plus loin puisqu’il infusera jusque dans sa carrière professionnelle. Car, si Isabelle Cherrier démarre dans le marketing – notamment chez Petit Bateau à Troyes, dans l’Aube –, puis dans l’agro-alimentaire, elle décide, suite à l’accident de son conjoint et à un licenciement quelques années plus tard en 2000, de se reconvertir dans les ressources humaines. « Passé le choc et le sentiment d’échec, j’ai pris le temps, à quarante ans, de travailler sur le développement personnel et y ai finalement vu assez vite une occasion de me réinventer et d’aller vers les ressources humaines, un sujet porteur de sens à mes yeux », explique-t-elle. Maman d’un enfant aujourd’hui âgé de 25 ans, elle entre alors au Celsa pour un DESS en management des organisations et conduite du changement. Elle y redécouvre le bonheur d’apprendre, comme une jeune étudiante : « Je savourais chaque matin le plaisir de me demander ce que j’allais aborder de nouveau ; la question de la transmission du savoir et de l’organisation des compétences ». Diplômée en un an, elle se confronte par la suite à la difficulté de trouver un employeur capable de faire confiance à une femme de quarante ans, fraîchement reconvertie : « Mon profil était considéré comme risqué, mais via un de mes professeurs, j’ai pu entrer en contact avec Fenwick-Linde. J’ai alors fait face à des dirigeants ouverts, prêts à accueillir des profils atypiques et soucieux de la diversité de leurs équipes », détaille-t-elle. Embauchée comme responsable en charge de la formation et de la communication interne, Isabelle Cherrier apprend, écoute et s’investit à fond dans ses nouvelles missions. « J’ai découvert un univers riche et complexe que je ne soupçonnais pas, des équipes commerciales et techniques passionnées et des solutions à la pointe de la technologie. Entrer chez Fenwick-Linde a été une source d’apprentissage extrêmement gratifiante et passionnante. »
Savoir faire ses preuves
Portée par son propre niveau d’exigence et sa volonté de toujours mieux faire, la jeune recrue RH profite de la culture de son nouvel employeur, tournée vers le développement des compétences et la formation, pour grandir sur l’aspect managérial et élargir sa connaissance du secteur jusqu’à être promue en 2009 à la direction des ressources humaines en France, puis pour l’Italie et l’Espagne. Une prise de poste compliquée, intervenant en pleine crise économique et qui démarrera par la mise en œuvre d’un PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi). Une fois cette étape « difficile » passée, l’entreprise renoue avec la croissance. Dans le même temps, une autre figure emblématique évolue au sein de l’entreprise, Jérôme Wencker, son actuel président. « Jérôme et Isabelle ont développé une véritable relation de confiance. Isabelle ne trahit pas, elle est très fiable. Jérôme Wencker lui a donné sa chance et elle a su apprendre, affronter la nouveauté et avancer », souligne Sonia Dubes, présidente de la concession Fenwick Normandie Manutention avec qui elle échange depuis de nombreuses années.
Effectivement, le duo directeur général/directrice des ressources humaines fonctionne bien. À tel point qu’après 10 ans d’aventure commune, Jérôme Wencker propose à Isabelle la direction des opérations commerciales de la marque Fenwick. Nous sommes en 2020. Isabelle Cherrier accepte, mais fera là aussi face à une crise, d’un autre genre, sanitaire cette fois-ci : « Adaptation et mobilisation en interne ont été les mots d’ordre pour pouvoir répondre à nos clients. L’année 2020 a été chaotique et pourtant au 1er septembre 2021, je me suis vue proposer le poste de directrice générale de Fenwick-Linde que j’ai accepté sans hésiter. J’ai tout de suite abordé avec sérénité et enthousiasme ce nouveau défi », affirme-t-elle. Et pour cause, voilà encore pour la férue d’apprentissage une façon d’intégrer de nouvelles connaissances et compétences après 20 années passées au sein d’une même entreprise dans laquelle elle retrouve des valeurs communes aux siennes : respect, intégrité de la personne, recherche d’excellence et collaboration. « Je suis heureuse de constater que le travail a porté ses fruits et que j’y trouve encore du plaisir. Il me reste un certain nombre d’années avant de parfaitement maîtriser ce poste très complet, de relever de nombreux défis et d’innover autour des sujets qui animent le secteur aujourd’hui. Mon objectif est d’être à la hauteur de ce nouveau challenge en préservant ce qui rend cette entreprise attachante », conclut la directrice générale de Fenwick-Linde, qui, à seulement 57 ans, n’en a donc pas fini d’apprendre.