Innovation
Innovation mondiale, l'AMR inventaire de stock dévoilé par ID Logistics
Co-développé par le prestataire logistique avec le roboticien Wyca Robotics et le spécialiste de l’intelligence artificielle E-Dentic, le robot inventaire de stock a été lancé sur le site d'ID Logistics à Berre l'Etang, géré pour le compte de Panzani. AMR autonome ne nécessitant aucune intervention humaine, il a pour mission de fiabiliser l'ensemble des stocks, optimisant le service client.
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Voxlog
Il s’agit d’une première mondiale : à Berre l’Etang dans les Bouches-du-Rhône, le prestataire de logistique contractuelle ID Logistics a dévoilé le 18 mai dernier son robot inventaire sur le site qu’il gère pour le compte du groupe Panzani. Sous le nom d’Astrid (pour Autonomous stock taking robot by ID Logistics), ce véhicule autonome « répond à un besoin quotidien : s’assurer quotidiennement que le stock est bien présent, stipule Ludovic Lamaud, DGA développement et innovation d’ID Logistics. L’AMR réalise un inventaire à haute cadence. 100 % autonome, il est capable de travailler de jour comme de nuit et de cohabiter avec des opérateurs ».
Une histoire à trois mains
« Avec l’innovation dans [son] ADN », comme le stipule Eric Hémar, président d’ID Logistics, l’entreprise s’est lancée avec enthousiasme dans ce projet. Véritable assistante au métier de gestionnaire de stock, l'AMR représente un aboutissement de trois ans et demi de travail pour les trois entreprises à l’origine de cette solution totalement novatrice. Car Astrid est le résultat d’une rencontre entre le prestataire logistique et le roboticien toulousain Wyca Robotics ainsi qu’E-Dentic, intégrateur informatique français, spécialiste de l’intelligence artificielle avec qui ID Logistics avait déjà eu l’occasion de collaborer depuis 2016 sur son premier appel à projets innovants, les ayant menés à co-développer des solutions de beacons et de video tracking. Dépositaire du système hôte et de l’algorithme permettant le traitement des images, la société dirige la commercialisation de ce robot inventaire : mise en place, hotline, coordination de la maintenance et vente. « La réalisation d’une innovation technologique réside avant tout dans la conviction et la persévérance dans une idée. Et si celle-ci est partagée, le résultat n’en est que plus gratifiant », commente Gilles Tassery, président de E-Dentic. Alors que l’idée germe dès 2018 chez ID Logistics, en 2019 est développé un premier prototype « permettant de s’assurer de la viabilité de la solution » avec une première phase de POC réel, décrit Ludovic Lamaud. Après la validation du prototype en 2020, « nous sommes passés à une phase plus industrielle et nous lançons aujourd’hui notre production en série de ce robot », poursuit-il. « Cette co-innovation confirme les ambitions de Wyca Robotics de fournir des véhicules et robots mobiles capables d'évoluer dans des environnements complexes en coactivité et en tout autonomie, sans aucune aide extérieure ou adaptation de l'environnement », déclare Patrick Dehlinger, directeur général de Wyca Robotics.
Une capacité de 5 000 palettes à l’heure
Déployé sur le site de Berre l’Etang, le robot inventaire évolue ici sur un entrepôt de 41 462 m² composé de six cellules, contenant 960 références et 50 516 emplacements palettes. « Astrid est un outil qui a été conçu pour être au service du gestionnaire de stock dans son quotidien. Ce robot va être capable d’effectuer l’inventaire du palettier en une nuit sur un site d’environ 50 000 m² avec une capacité de 5 000 palettes à l'heure, ce qui va permettre à nos équipes de gérer les inventaires tournants, fiscaux, et de vides pleins. Tous ces process vont être automatisés », détaille Benoit Boiron, responsable innovation chez ID Logistics. Une valeur ajoutée mise en avant par le groupe face aux autres moyens d’inventaire : « Un drone aura une productivité autour de 250 palettes à l’heure, contre 200 avec un humain ». Cet outil va augmenter en conséquence les fréquences d'inventaire, ce qui permettra à l’entreprise d’atteindre des bénéfices en termes de productivité pour ses caristes et ses préparateurs de commandes, mais aussi de qualité pour ses clients avec une augmentation du taux de service. La solution va également dans le sens de l’anticipation. Au lieu de prendre conscience lors du contrôle final de la préparation de commandes qu’une mauvaise palette a été mise au picking, chaque écart observé par Astrid est remonté informatiquement au gestionnaire de stock en amont et la palette va pouvoir être corrigée avant d’être mise au picking.
Comparer le stock physique et le stock informatique
Avec une application disponible sur Internet, le lancement va déclencher le départ d’Astrid qui va évoluer d’allée en allée et prendre des photos en dynamique en temps réel : « Sur le robot, vous avez un ordinateur qui va analyser les images où figurent les codes-barres et les comparer avec le WMS. Quand Astrid revient à sa base, l’ensemble du rapport d’inventaire est disponible pour le gestionnaire qui va pouvoir apporter les modifications dans l’outil de gestion de stock », explique Benoit Boiron. Pour cela, il a fallu « croiser la vision du robot 2D, par terre; à celle du WMS 2D en vertical et la volonté d’ID Logistics de penser en 3D pour avoir une interprétation de la donnée métier, qui soit intelligente par rapport à l’utilisateur », résume Stéphane Jupin, directeur technique Epyo E-Dentic. Le tout pour aboutir à « un outil tout à fait nouveau qui compare de façon quotidienne le stock physique de grands entrepôts avec le stock informatique pour permettre aux clients d’éviter toutes les ruptures, c’est-à-dire des commandes qui ne peuvent pas être servies parce que la marchandise n’est pas, pour différentes raisons, identifiée dans le stock informatique », poursuit Eric Hémar.
Un concentré de cinq technologies
L’innovation d’Astrid réside ainsi dans son concentré de cinq technologies, la première étant liée à sa qualification d’AMR : « C’est un robot qui évolue sans aucun réflecteur. Aucune infrastructure n'est nécessaire, il va effectuer une cartographie de l’entrepôt grâce à ses lasers, et sera ensuite capable d’évoluer en complète autonomie », décrit Benoit Boiron. Deuxième point : la vision robotique. « On a conçu Astrid pour qu’elle soit capable de lire l’intégralité des codes-barres disponibles chez ID Logistics ». Troisième innovation, l’intelligence artificielle permettant une analyse automatique de tous les types de palettes, hors gabarit compris : « Vous avez une fenêtre de lecture qui va s’ajuster en fonction de l’attendu du WMS ». Quatrième point fort : le mât rétractable qui va offrir la possibilité de faire l’inventaire en prenant des photos jusqu’à 11,5 m. Enfin, le fonctionnement autonome en continu permet de lancer des missions à n’importe quel moment « Astrid est capable d’évoluer seul dans les allées pendant la nuit, mais aussi de fonctionner avec les équipes ».
Une commercialisation dès septembre 2022
Doté d’un chargeur par induction, l’AMR possède une autonomie de 12 heures, compte un bouton d’arrêt d’urgence et un bandeau Led intégré. « À moins de 15 cm d’un obstacle, le robot s'arrête pour éviter les problèmes de collision. Nous avons beaucoup travaillé sur la co-activité », indique Patrick Dehlinger. Déployer cette machine de 500 kilos sur un site, « prend deux à trois jours, tandis que le processus robotique prendra moins d’une journée, stipule Guillaume Doisy, chief robotic officer de Wyca. Cette installation se fait de manière extrêmement simple et ne nécessite pas d’IT ». Résultat d’un investissement de plusieurs centaines de milliers d’euros pour ID Logistics, les étapes du déploiement d’Astrid sont d'ores et déjà définis. 11 robots sont déjà planifiés pour une installation sur des sites ID Logistics d'ici la fin d'année et le lancement de la commercialisation est prévu dès septembre 2022, avant de s’attaquer à l’international sur les filiales du prestataire logistique en 2023.
Le robot inventaire en images sur le site de Berre l'Etang :
Le site ID Logistics à Berre l'Etang en chiffres
■ 41 462 m²
■ 6 cellules
■ 50 516 emplacements palette
■ 960 références
■ Un flux de préparation de 157 800 colis